Un musicien, un slameur, un graffeur, un comédien metteur en scène et l'énergie de retraités à la résidence Croizat... Voilà pour les ingrédients de la Fabrique du Macadam qui investira la
scène dionysienne samedi.
Prenez un groupe de retraité(e)s dynamiques; ajoutez une bonne dose de slam et une poignée de chansons; faites revenir avec un univers musical burlesque et (gentiment) déjanté; assaisonnez avec
une palette graphique et une pincée d'human beat-box; liez le tout par une mise en scène libre et ouverte, à base d'échange et d'énergie, et vous pourrez ainsi déguster une
Fabrique de
macadam dont vous me direz des nouvelles.
De quoi s'agit-il ? Spectacle de cabaret urbain qui sera présenté samedi 27 octobre à 21h à la Ligne 13, ce projet qui se révèle un beau moment de rencontres est né au printemps dernier de
l'imagination fertile et de la ténacité pugnace de Cristina Lopes, grande "timonière" du Café culturel.
"Cela fait longtemps que nous organisons, en plus des activités propres au Café
culturel, des projets extérieurs avec de belles rencontres. Ce fut le cas notamment avec le musicien Fantazio", rappelle-t-elle. Egalement membre du collectif chargé de la programmation du
festival Ville des musiques du monde, lorsque s'est posée la question d'une création pour le festival,
"ce projet est venu tout naturellement, confie-t-elle.
Et c'est dans la logique
de ce festival qui est de faire se rencontrer des disciplines et des personnes".
Cristina Lopes du Café culturel et Jean-Matthieu Fourt, metteur en scène de la Fabrique du macadam
"L'expérience du groupe de Croizat a servi de base"
Point de départ tout trouvé : l'atelier d'écriture monté par Philippe Vallin à la résidence Croizat. Un atelier qui a déjà à son actif des expériences de slam (avec grand Corps Malade) et de
chansons (La mémoire en chantant, avec Altamira).
"L'idée était de monter un spectacle qui mêle artistes professionnels et amateurs, précise Philippe Vallin,
mais si l'expérience du
groupe de Croizat a servi de base, l'aventure s'est ouverte à d'autres."
Rapidement, Cristina fait appel à son réseau de fidèles : fantazio, bien sûr, mais aussi le slameur Hocine Ben, le graffeur Marko, l'Ekip d'Art'Hifis et leur art vocal. Et le comédien et metteur
en scène Jean-Matthieu Fourt pour faire le lien entre ces univers différents.
"C'est un projet de dingue !" s'écrie ce dernier avec un grand sourire.
Mon rôle est de faire coexister
des éléments disparates pour en faire un spectacle. Nous partons de ces positions et nous essayons de faire circuler la parole et l'énergie. Il faut avoir une grande confiance les uns dans les
autres. En fait, je dois faire en sorte que tout soit possible, à partir d'univers différents.""Ce qui est passionnant, c'est de décloisonner les âges, les classes sociales, les interventions
artistiques, poursuit Fantazio.
Nous voulons monter un cabaret à l'ancienne, avec des numéros qui se succèdent, textes, musique, chants... Moi, je suis là pour apporter des décalages
burlesques..."
"Une manière de donner ce qu'on sait faire"
Durant la répétition au foyer Croizat, alors que Jean-Matthieu Fourt conseille (
"apprends à parler plus fort, tu as une qualité d'émotion, il ne faut pas hésiter à la porter..."), Marko
est penché sur son ordinateur.
"Depuis un mois, nous avons monté un atelier de peinture numérique où l'on peint des visages photographiés. Et nous avons aussi fait du body painting avec les
retraités !" Pendant le spectacle, ces travaux seront projetés, et Marko effectuera une performance en direct. Bilou song, du groupe Ekip d'Hart'Hifis, maîtres du human beat box, cette
technique vocale dont le rythme vient du corps, a lui aussi monté un atelier.
"A partir de leurs textes, on a fait participer des retraités avec d'abord l'idée de plaisir. C'est pour nous une
manière de leur donner ce qu'on sait faire."
Marko 93, concepteur des visuels du Macadam, aux côtés de Bilou, maître du human beat box
A quelques mètres, Hocine Ben suit la répétition avec attention. Le slameur travaille lui aussi sur le projet depuis avril.
"Quand Cristina m'a contacté, j'ai dit oui tout de suite, sans même
savoir de quoi il s'agissait. C'est vraiment super, c'est une rencontre naturelle qui ne s'était jamais faite avant. L'idée première, c'est de se faire plaisir et de voir ce que ça donne,
poursuit-il,
et, au delà du spectacle, des liens se sont tissés. La groupe n'a pas envie de se quitter."
Car, et c'est peut-être là l'essentiel, l'échéance du 27 octobre à la Ligne 13 n'est pas une fin en soit.
"Ce serait bien de prolonger l'aventure, avec d'autres gens qui viendraient nous
rejoindre", suggère Fantazio.
"Pour moi, c'est comme un premier acte, ajoute Jean-Matthieu Fourt,
cette expérience n'a de sens que si elle s'inscrit dans la durée." En
attendant, il est temps de découvrir cette Fabrique du macadam, dont les ingrédients ont l'air bien savoureux. Et de la déguster.
Benoît Lagarigue
Le Journal de Saint-Denis N°720
Edition du 24 au 30 octobre 2007
La Fabrique du Macadam
Samedi 27 octobre à 21h.
Ligne 13, 12, place de la Résistance-et-de-la-Déportation.
Entrée libre.
Réservation obligatoire au 01 42 43 96 11, au 01 48 20 40 62
ou par mail : cafe.culturel2@orange.fr
Photos sur cette page : Philippe Vallin
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