Lundi 10 mars 2008
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Par Fabien Maisonneuve
Depuis 10 ans, l'association Altamira dresse le portrait sonore de communautés et explore le rôle de la culture dans les processus de développement humain. Rencontre avec le fondateur, Boris
Lelong, autour de deux projets récents.
En 1992, la vingtaine à peine entamée, c'est le grand saut. Armé de son magnétophone, Boris Lelong passe une année en Afrique à la recherche de musiques inconnues. La découverte d'un tel
potentiel culturel se devait d'être partagée et la fondation de l'association Altamira, en 1998, lui permettra d'
"ameuter du monde et d'être dynamique". Ce
"médecin sans frontières
de la musique", dont l'idée initiale est "
d'utiliser la production de disques dans une approche humanitaire" cherche à valoriser les immenses ressources culturelles des communautés
qu'il rencontre. Collectages, sons du quotidien et interviews forment ce cairn musical dont les pierres cachent de véritables pépites.
Deux décennies et quelques disques plus tard, chants populaires des hautes vallées tibétaines, guitare des sables de Mauritanie, femmes artistes des Philippines, mais aussi mémoires sonores de la
banlieue parisienne amènent Boris Lelong à réfléchir au rôle de la culture dans le tissu social, le
"mieux vivre ensemble". Le lien social s'est considérablement appauvri au cours du
XXème siècle, ce que déplorent les retraités de Saint Denis (93), témoins-artistes du disque
La Mémoire en Chantant. Ce projet
discographique mélange interviews et captations et trouve son origine dans les rencontres musicales initiées par Altamira. Boris Lelong s'étonne d'avoir retrouvé les mêmes choses en Afrique et en
Asie :
"ça se passe toujours dans les pays du Sud et plus du tout chez nous, c'est là aussi que le disque nous interpelle". Ces témoignages s'imposent alors comme des leçons de
"vivre ensemble", ancrant des musiques parfois très anciennes dans une problématique actuelle où l'on ne sait plus être avec l'Autre.
Aller à la rencontre de peuples dont l'environnement est menacée par la modernisation fait aussi partie des actions d'Altamira. Le disque
Lemhadong, Femmes artistes du lac Sebu nous immerge dans l'univers musical des Tbolis, au coeur des Philippines. Ces femmes à la culture forestière
très vivante mettent en musique leur environnement sonore et le disque, très intimiste, place l'auditeur au plus près de ces artistes.
"Les Tbolis écoutent le monde, le réinventent de manière
esthétique. (...) Les esprits de la forêt, sources d'inspiration, font le lien entre l'art des humains et les éléments de la nature." Un peu comme nos muses...
Quant au regard porté sur l'étranger, Boris Lelong évoque une ouverture insoupçonnée :
"Souvent, ces communautés au tissu social très fort ont une capacité d'accueil et d'ingestion de
l'étranger très forte. Les choses se font alors très facilement, dés l'instant que les gens se connaissent." La fierté d'être écouté à l'autre bout du monde opère un véritable renversement
de regard. Et cette valorisation
"nourrit le lien et la capacité d'agir ensemble". Un remède pour soigner l'âme des peuples dont nous avons beaucoup à (ré)apprendre et que le monde
moderne semble oublier ?
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Prochains rendez-vous :
Jeudi 13 Mars à 12h15
Conférence "Femmes artistes du lac Sebu" (Philippines) au Musée Guimet
http://www.altamiramonde.net/lemhadong/conference.html
Samedi 29 Mars à 15h
"Musiques en partage", scène ouverte musicale interculturelle à Saint Denis
http://www.altamiramonde.net/enpublic/partage.html
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Disques récents :
La Mémoire en Chantant [Saint Denis]
http://www.altamiramonde.net/memoire
Femmes artistes du lac Sebu [Philippines]
http://www.altamiramonde.net/lemhadong
MONDOMIX a nommé ce disque Meilleur Album de l'Année 2007 pour l'Asie et le Moyen-Orient
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A L T A M I R A
A l'écoute du monde
http://www.altamiramonde.net
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