Poussières d’étoiles, album méditatif teinté de sonorités folk et
traditionnelles, est le premier essai commun de Marianne Svasek, Daniel Perret et Dominique Starck , trois amis instrumentistes qui partagent la même approche spontanée et spirituelle de la
musique. Joueuse accomplie de Sarangi, cette envoutante vielle rustique très répandue dans toute l’Asie du sud, Marianne excelle également en tant que vocaliste dans la pratique du dhrupad, un
style de chant sacré et complexe originaire de l’Inde védique. Daniel Perret est quant à lui spécialiste en musicothérapie, avec à son actif la publication de plusieurs ouvrages consacrés à la
guérison par les sons et la musique. Pratiquant divers instruments acoustiques, on lui doit dans
Poussières d’étoiles les nombreuses parties de flûtes celtiques, les phrasés délicats au
koto, cet instrument traditionnel japonais à cordes pincées, et les quelques motifs rythmiques épars aux percussions à mains. Enfin, la formule se complète et prend forme avec les guitares
bucoliques et mélodieuses de Dominique Starck, auteur de nombreux albums en solitaire et adepte du "chanting", une discipline ésotérique et universelle qui associe respiration et
musique.
Poussières d’étoiles est une très agréable création en trio privilégiant à chaque mesure l’émotion à la technique, et elle intéressera donc tout particulièrement les mélomanes en quête
de recueillement personnel et autres voyages intérieurs. Inspirée par le soufisme, les religions extrême-orientales, le chamanisme, les mythes et la sagesse des nations indiennes d’Amérique du
Nord, la musique invite à la contemplation, à l’apaisement et à l’harmonie avec la nature. Mais au-delà de cette approche new-age auquel tout le monde n’adhérera pas forcément, il subsiste une
œuvre musicale entièrement acoustique de bel intérêt, laissant de larges espaces à l’improvisation, avec en point d’orgue la voix fantastique de Marianne Svasek, expressive et puissante à bien
des égards.
De très beaux dialogues instrumentaux (flûte et sarangi en sont le meilleur exemple) viennent ponctuer les dix compositions de l’album, évoquant quelque-peu l’incroyable expressivité et la
profondeur des grandes créations du bavarois Stephan Micus chez ECM. Aussi, en navigant à travers
Poussières d’étoiles, on retrouve très souvent l’esprit pastoral et baba-cool qui
caractérisait les albums seventies de Deuter. Il est bien dommage que cet autre génial multi-instrumentiste allemand, à l'inverse de son compatriote, se compromettra au fil de sa carrière à
réaliser des disques faciles, sirupeux et sans âme. Notre talentueux trio signe quant à lui avec ces jolies
Poussières d’étoiles un excellent disque de world-music éclectique, et une
nouvelle réussite à mettre à l’actif du label Prikosnovénie.
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