Mercredi 26 novembre 2008
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Par Benoît Lagarrigue
Boris Lelong de l’association Altamira a reçu un Coup de cœur de la célèbre institution. Une reconnaissance pour le travail de cette association qui explore les liens entre les peuples à
travers leurs musiques.
Mardi matin 4 novembre 11 h, Paris. Au Café de la danse, jolie salle de spectacle du côté de la Bastille, Boris Lelong arbore avec fierté le trophée remis quelques instants plus tôt par
l’Académie Charles-Cros. Avec son association, Altamira, il vient en effet de recevoir, aux côtés de l’ensemble de polyphonies corses A Filetta ou encore du joueur de kora malien Toumani Diabaté,
l’un des Coups de cœur de la célèbre académie consacrée aux musiques du monde pour le CD "Philippines, Femmes artistes du lac Sebu", publié en 2007. "Ce disque est le fruit d’un
travail de neuf ans", explique le récipiendaire. Un travail mais surtout une belle histoire d’amitié avec ces femmes vivant dans un petit village, Dekolon, qui surplombe la rive orientale du
lac Sebu, au sud de l’archipel des Philippines. Artisanes autant qu’artistes musiciennes, elles se sont regroupées au sein d’un collectif, Lemhadong, dont les plus anciennes membres ont longtemps
vécu dans un monde que la nature seule régissait. "Aujourd’hui, ces musiciennes tentent d’ancrer leur poésie sonore dans ce nouveau monde qui est en train d’effacer l’ancien", écrit
Boris Lelong dans le livret qui présente le disque. Mélopées lancinantes se mêlent aux sons de tous les jours, aux cris des animaux, aux bruits de la forêt, le tout rythmé par des instruments
ancestraux. L’ensemble forme une sorte de film sonore, du matin à la nuit, traversant les différents lieux et moments du jour : la forêt, l’eau, les enfants, le village, les réjouissances… C’est
un magnifique poème musical venu d’un monde en train de disparaître doucement.
« Des gens d’une incroyable richesse »
Cette reconnaissance de l’académie Charles-Cros va droit au cœur de l’association dionysienne Altamira et de son responsable, Boris Lelong, lui-même musicien. C’est lui qui est allé à la
rencontre de ces femmes, qui a exploré leur univers musical. "Ce sont des gens à la fois très fragiles et d’une incroyable richesse : elles réenchantent le monde", dit-il joliment.
Altamira, qui fête ses dix ans d’existence, voit là salué l’un des projets emblématiques de son action. "Nous cherchons à explorer les liens qui existent entre les cultures musicales, les
activités humaines et la vie sociale des peuples. Et la musique fait intrinsèquement partie du développement humain", résume Boris Lelong. "Et ce, aussi bien aux Philippines qu’à
Saint-Denis !", poursuit-il en souriant. C’est ainsi qu’il effectue un travail inscrit dans le temps auprès des retraités, comme à la résidence Croizat. "Nous allons voir les gens où
ils sont, nous nous découvrons et nous partageons", ajoute-t-il comme un manifeste.
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