
Le label Prikosnovénie publie (déjà !) le cinquième volume de la série Fairy World,
et, une fois n’est pas coutume, en un très classieux digipack illustré au format livre. Le disque compile quelques jolies perles de son singulier catalogue féérique afin d'offrir aux amateurs un
passionnant voyage auditif de soixante-dix minutes vers des mondes lointains et enchantés. Cette nouvelle édition reste idéale pour s’initier à l’esthétique promue par le label, un mélange
d’influences folk, celtiques, orientales ou encore médiévales, parfois saupoudrées de quelques sonorités plus modernes, empruntées au trip-hop ou à l’électro minimal. Fairy World V permet surtout
de découvrir une pléiade d’artistes originaux et talentueux venus d’horizons divers, d’Europe et d’ailleurs.
Cette compilation est peut-être la plus homogène de toutes sur le plan musical, se livrant à l’auditeur comme la bande originale d’un film imaginaire dont il assurera lui-même la mise en scène.
L’ensemble baigne dans une atmosphère globalement éthérée, orientalisante et aux parfums de mysticisme, invitant à la rêverie et au dépaysement total. C’est l’ensemble néo-classique russe Caprice
qui inaugure l’excursion en terres de Prikosnovénie avec le délicat et acoustique
sage. Bien connu pour ses quelques brillants albums concepts en hommage à J.R.R Tolkien, Caprice,
l’une des figures de proue du label nantais, excelle décidemment dans l’art de la mélodie ciselée et des climats fantastiques et légendaires. Vient ensuite
Me and Rose de la londonienne
Mélanie Garside, alias Maple Bee, extrait de son deuxième album pop-folk intitulé
Home. Cette jolie complainte mélancolique est magnifiée grâce à la voix douce et ensorcelante de la
jeune chanteuse, qui n’est pas sans rappeler le timbre de l’islandaise et icône pop Emiliana Torrini, influence avouée de Maple Bee.
Côté surprise, les danois de Valran nous offrent avec
Droemte mig en droem un morceau vraiment exceptionnel (mon coup de cœur de l’album !), à ranger quelque part entre Björk pour le
style vocal et Mari Boine pour l’ambiance musicale. Guitares, flutes de monde, percussions chamaniques et piano à pouces tissent en effet une fresque vibrante, proche des envolées
hypnotiques dont l’artiste sami a le secret. Dans la foulée de ce petit chef d’œuvre, les morceaux choisis de Corde Oblique (Italie) et Sava (Allemagne) nous proposent chacun un petit
quelque-chose dans la droite lignée des derniers Loreena Mc Kennitt, voix féminines et folk celtique métissé obligent. Le prévisible
Platoun de nos compatriotes d’Omasphere évoque quant
à lui très (trop ?) fortement le Dead Can Dance de la dernière époque, avec ses percussions répétitives, son dulcimer de rigueur et ses incantations religieuses façon Lisa Gerrard. Dans le genre,
on savourera davantage le
Stars of the wind des bulgares Irfan, forts de leur style plus personnel, ou encore
Aman Doktor des américains Stellamara, et leur musique tout aussi
envoûtante, teintée d’effluves orientales, indiennes et balkaniques.
Les œuvres instrumentales ne manquent pas à l’appel au sein de ce Fairy World V. On y retrouve entre autres avec grand plaisir le violon du tchèque Ivo Sedlacek qui, sur le méditatif
sun, dialogue intimement avec quelques notes cristallines de koto japonais. Enfin, des extraits signés par les artistes Lys, Poussière d'étoile, Alizbar (indispensable si vous
aimez la harpe celtique !) et Crista Galli viennent parachever un tableau sans ombre ni faute de goût. Sachez pour conclure que cette édition CD peut être accompagnée sur commande en ligne auprès
du label d’un DVD collector regroupant les prestations live d’Antrabata, Ashram et Crista Galli au festival de Clisson 2008, ainsi que quelques clips de divers artistes prikoskovéniens. Beau
bouquet d’émotions que cette nouvelle invitation chez nos amies les fées. Jamais l’évasion n’aura été aussi belle, et l’envie d’aller plus loin aussi forte !
Philippe Vallin
Chronique réalisée pour le magazine
Ethnotempos
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