Dimanche 3 septembre 2006
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Par Philippe Vallin
IEM (Delirium Records 1996)

Amateurs du Porcupine Tree le plus planant et psychédélique, ne passez pas à côté
de ce disque au design et à l'intitulé pour le moins étrange. Traduisez IEM par "Incredible Expanding Mindfuck". Quant aux photos contenues dans le livret, celles-ci ne dénoteraient pas dans un
vieil album photo de votre grand-mère ! Derrière cet objet insolite, se cache le maître d'œuvre Steve Wilson, dont le nom n'est d’ailleurs mentionné nulle part sur le disque, inutile de chercher.
C'est tout dire de la haute portée commerciale de cette galette, 2ème essai solo de Steve Wilson après le très noir et planant "Bass communion", dont le second volet sortira très
prochainement, toujours agrémenté de quelques soundscapes et Frippertronics de Robert "King Crimson" Fripp.
Le présent CD, sorti à l'origine en 1997 au seul format vinyle regroupe 5 compositions totalement instrumentales, dans la pure tradition du Porcupine Tree période "Up the downstair". Comme ce
dernier, il explore le versant le plus psychédélique et "ambient" du groupe anglais. Mais rien de soporifique ou d’ennuyeux à déplorer avec IEM. L'œuvre s'ouvre avec un titre de 13 minutes aux
pulsations rock presque binaires, appuyées par des nappes de synthé d'outre-espace et survolées par un long solo de guitare dans la grande tradition des Gong, Hawkwind ou Ozric Tentacles. C'est
plus que du déjà entendu, mais niveau expérience mystique, quelle efficacité ! Le 4ème titre poursuit dans la même voie avec ses guitares répétitives en guise de rythmique, surplombées par les
riffs puissants et tordus de Steve Wilson, seul maître à bord niveau compos et interprétation. Fini pour ce qui est du rock pur et dur, le reste de l'album s'apparente d'avantage à une série de
pièces planantes aux relents d’after-transe, agrémentées de textures électroniques et de nappes de mellotron (magnifique "The last will and the testament of Emma Peel"). On ne peut toutefois
s'empêcher de penser à chaque instant au Porcupine Tree des débuts. Jetez-donc une oreille attentive sur "Fie kesh", dont la ligne de basse et les percussions orientales évoquent curieusement le
développement instrumental du célèbre "Waiting" (album "Signify"), ou encore sur le morceau final "Headphone dust", dont les relents floydiens et le son acoustique nous renvoient directement aux
meilleurs passages de "The sky moves sideway".
En conclusion, l'achat de cet IEM constitue donc l'alternative idéale à ceux dont l'orientation pop mélodico-sophistiquée du dernier Porcupine Tree (
l'excellent Lightbulb Sun – paru en 2000) aurait refilé des boutons. Quant aux amateurs de voyages oniriques et de musique
atmosphérique de qualité qui ne seraient encore jamais monté dans l'arbre du porc-épic, je leur conseille également de se jeter sans délai dans les méandres de l'IEM, qu’on pourrait traduire
aussi de cette manière "Incredible Extatic Music" !
Philippe Vallin
(Chronique parue dans le magazine Koid'9 Rock & Progressif)
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