Une grande voix s'est tue
Hommage à Jacques Perrufel, disparu à Saint-Denis le 25 juin 2007

Une grande voix s'est tue
Celle d'un p'tit gars de la Plaine
Qui nous a quitté trop vite, trop tôt
Qui nous réunit aujourd'hui dans la peine
Et à qui je dédie pour vous ces quelques mots
Une grande voix s'est tue
Celle d'un ancien élève de cette école du 241 Wilson
Qui vouait un véritable culte à ses vieux instituteurs
Ceux qui ont forgé l'esprit de l'enfant qui un jour va se muer en homme
Homme d'engagement, de passion, mais surtout, homme de tendresse et cœur
Une grande voix s'est tue
Ouvrier qualifié, Jacques a toujours pris la défense des siens
Notre ami était un syndicaliste qui ne mâchait pas ses mots
Travailleur acharné, il pouvait cependant quitter son poste, comme ça, du jour au lendemain
Il en avait fait 46 dans sa vie, et l'homme fort en gueule, à chaque fois, en reprenait un d'assaut
Une grande voix s'est tue
Jacques était aussi un militant dévoué, infatigable, tellement actif
Qui autour de lui diffusait au quotidien quelques pages d'humanité
Jacques se montrait tel qu'il était, franc, direct, quelque-peu subversif
Ses camarades de lutte l'avaient même élu Maire de la Mutualité
Une grande voix s'est tue
Celle d'un homme de culture et d'ouverture, jamais en panne de conversation
Qui ne collectionnait pas les livres, mais qui lisait en vous, et décryptait le monde
Celle d'un homme d'envergure qui ignorait l'obscurantisme et l'affabulation
Un homme aussi vrai, aussi droit, un homme aussi carré que la terre et ronde
Une grande voix s'est tue
Celle d'un homme à la retraite mais toujours en phase avec son temps
Restant fidèle à ses convictions, ses espérances, ses combats et ses valeurs
Jacques était un homme de bien, un faciès bourru, mais une âme de prince charmant
Il suffisait de le creuser, à peine, pour en déguster toutes les subtilités et les saveurs
Une grande voix s'est tue
Celle d'un homme à l'humour fin et toujours prêt à rire et à faire rire aux éclats
Demandez donc à sa complice Thérèse, elle, c'est sûr, elle en sait quelque-chose
Tous les deux à Montrem, c'était un peu Raymond Souplex et Jeanne Sourza
Un duo détonnant, et un vaccin aux effets garantis contre la morosité et la sinistrose
Une grande voix s'est tue
Ici en Périgord, Jacques avait pris racine et il s'était refait une famille
Du centre de vacances au bourg de Montrem, en passant par St-Astier
Il y venait cinq fois par an, et pas besoin d'attendre que le soleil se lève et brille
Car pour lui, la plus belle lumière, c'était surtout la douce chaleur de l'amitié
Une grande voix s'est tue
Casquette coiffée, jambes coisées et bâton en main
A Montrem Jacques faisait un peu partie du paysage
Silhouette inoubliable d'un ami qu'on ne verra plus demain
En arpenter tous les sentiers, ceux de son terroir et son village
Une grande voix s'est tue
Notre Jacquou qui un jour a croisé un autre grand Jacques sur son chemin
Plus jamais ils ne se sont quittés, tels deux croquants à la relation sans pareil
Jusqu'à ce qu'un Jacques en raccompagne un autre jusqu'au bout du destin
Là-bas à St-Denis, où il a trouvé la paix, dans un dernier voyage vers le monde éternel
Une grande voix s'est tue
Une grande voix sais-tu ?
Une voix qui résonnera toujours en nous, entre Saint-Denis et Montrem,
Et sous cet arbre, qui grandira, et qui toujours nous rappellera, combien, Jacquou, ici on t 'aime…
Philippe Vallin
Texte écrit et dit le dimanche 1er juillet 2007, durant le séjour retraités à Montrem en Périgord. Remerciements à Françoise Douzenel, Antoinette Faucheux et
Marthe Berton pour les anecdotes sur la vie de Jacques, et à Boris Lelong pour l'accompagnement musical qui aura porté si loin ces quelques mots.
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