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Ce blog est consacré à mes activités d'animateur socioculturel à la ville de Saint-Denis (93), mais aussi de chroniqueur et de musicien amateur. Au fil de ces pages, vous pourrez suivre l'actualité de divers projets professionnels et autres initiatives que je pilote ou auxquels je suis associé : rencontres et événements culturels, concerts, scènes ouvertes, jumelages artistiques, etc. Quelques chroniques musicales seront également publiées selon les coups de coeur et l'inspiration. En bref, ce site est une petite fenêtre ouverte sur mon réseau de proximité, un espace d'information et de partage d'expériences. A bientôt ! PV.

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Dimanche 3 septembre 2006 7 03 /09 /Sep /2006 19:21
- Par Philippe Vallin
Bass communion (Third stone 1998)

Steve Wilson fait partie de cette catégorie de musiciens et créateurs qui ne s’enfermeront jamais dans un style unique, et qui savent évoluer artistiquement avec leur époque. Avant d’être le leader du groupe rock Porcupine Tree, le jeune compositeur s’intéressait déjà de très près à la musique " texturale", basée avant tout sur le traitement et sur l’esthétique de sonorités synthétiques et électroniques. Il ne faut donc surtout pas s'attendre à trouver dans cet album solo des accents de pop psychédélique ou de métal chers au désormais célèbre combo anglais. Il s'agit là en effet d'un disque de pure ambiance, dans la droite lignée des travaux des œuvres instrumentales de Brian Eno (Discreet music, Music for Airport, Appolo), ou du duo David Sylvian et Holger Czukay, respectivement ex-Japan et Can, qui ont jadis enfanté ensemble deux disques absolument sublimes : "Plight and premonition" (1988) et "Flux and Mutability" (1989).

L'ensemble de ce 1er opus de Bass Communion est composé de quatre longues pièces, avec nappes de claviers, samples de guitare, basse, percussions légères et bruitages, distillant une musique atmosphérique inspirée et de toute beauté, aux ambiances tantôt aériennes, tantôt sombres et mystérieuses, parfois humides et caverneuses. Le climat général s’apparente donc au style "dark-ambient" cher à des artistes de la trempe d’un Vidna Obmana (avec lequel, et ce n’est pas un hasard, Wilson collaborera quelques années pus tard). Tout au long de l'album, on voyage à travers des paysages sonores étranges, jusqu'au clou du disque, les 25 minutes magnifiques de "drugged" où on reconnaitra un "soundscape" de Robert Fripp (sorte de nappes synthétiques grandioses jouées à la guitare),  improvisé et enregistré par le maître au No-Man’s Land studio, puis mis en boucle et retravaillé par Steve Wilson lui-même. En conclusion, je conseillerai ce disque un poil difficile (mais accessible si on prend la peine de "rentrer dedans") à tout amateur de musiques atmosphériques conceptuelles et raffinées. Philippe Vallin



Dimanche 3 septembre 2006 7 03 /09 /Sep /2006 16:31
- Par Philippe Vallin
IEM (Delirium Records 1996)

Amateurs du Porcupine Tree le plus planant et psychédélique, ne passez pas à côté de ce disque au design et à l'intitulé pour le moins étrange. Traduisez IEM par "Incredible Expanding Mindfuck". Quant aux photos contenues dans le livret, celles-ci ne dénoteraient pas dans un vieil album photo de votre grand-mère ! Derrière cet objet insolite, se cache le maître d'œuvre Steve Wilson, dont le nom n'est d’ailleurs mentionné nulle part sur le disque, inutile de chercher. C'est tout dire de la haute portée commerciale de cette galette,  2ème essai solo de Steve Wilson après le très noir et planant "Bass communion", dont le second volet sortira très prochainement, toujours agrémenté de quelques soundscapes et Frippertronics de Robert "King Crimson" Fripp.

Le présent CD, sorti à l'origine en 1997 au seul format vinyle regroupe 5 compositions totalement instrumentales, dans la pure tradition du Porcupine Tree période "Up the downstair". Comme ce dernier, il explore le versant le plus psychédélique et "ambient" du groupe anglais. Mais rien de soporifique ou d’ennuyeux à déplorer avec IEM. L'œuvre s'ouvre avec un titre de 13 minutes aux pulsations rock presque binaires, appuyées par des nappes de synthé d'outre-espace et survolées par un long solo de guitare dans la grande tradition des Gong, Hawkwind ou Ozric Tentacles. C'est plus que du déjà entendu, mais niveau expérience mystique, quelle efficacité ! Le 4ème titre poursuit dans la même voie avec ses guitares répétitives en guise de rythmique, surplombées par les riffs puissants et tordus de Steve Wilson, seul maître à bord niveau compos et interprétation. Fini pour ce qui est du rock pur et dur, le reste de l'album s'apparente d'avantage à une série de pièces planantes aux relents d’after-transe, agrémentées de textures électroniques et de nappes de mellotron (magnifique "The last will and the testament of Emma Peel"). On ne peut toutefois s'empêcher de penser à chaque instant au Porcupine Tree des débuts. Jetez-donc une oreille attentive sur "Fie kesh", dont la ligne de basse et les percussions orientales évoquent curieusement le développement instrumental du célèbre "Waiting" (album "Signify"), ou encore sur le morceau final "Headphone dust", dont les relents floydiens et le son acoustique nous renvoient directement aux meilleurs passages de "The sky moves sideway".

En conclusion, l'achat de cet IEM constitue donc l'alternative idéale à ceux dont l'orientation pop mélodico-sophistiquée du dernier Porcupine Tree (l'excellent Lightbulb Sun – paru en 2000) aurait refilé des boutons. Quant aux amateurs de voyages oniriques et de musique atmosphérique de qualité qui ne seraient encore jamais monté dans l'arbre du porc-épic, je leur conseille également de se jeter sans délai dans les méandres de l'IEM, qu’on pourrait traduire aussi de cette manière "Incredible Extatic Music" ! Philippe Vallin

(Chronique parue dans le magazine Koid'9 Rock & Progressif)


Samedi 2 septembre 2006 6 02 /09 /Sep /2006 21:15
- Par Philippe Vallin
No-Man – Returning Jesus (Third Stone 2001)

Vous aimez le style et le son de Porcupine Tree ? Alors ne boudez pas alors le nouvel album de No-Man, l’autre projet majeur du touche à tout Steve Wilson. Car ce Returning Jesus est certainement à ce jour le disque le plus rock de ce groupe anglais encore trop méconnu, et donc celui qui se rapproche le plus du style Porcupine Tree. Ce nouvel opus s’inscrit en effet dans la droite lignée des meilleurs albums caractérisés de "pop sophistiquée" (un réservoir à inclassables), à l’instar des travaux de David Sylvian. Exit ici en effet l'orientation trip-hop qui caractérisait les albums précédents (tous excellents et très originaux), à grand renfort de sonorités électroniques. Ce nouveau No-Man se veut davantage artisanal et conventionnel, même si il est loin de délaisser une certaine ambition créative et un goût prononcé pour les ambian­ces éthérées.

La composition et la production des neufs per­les de l’album sont toujours le fruit de la colla­boration du duo Steve Wilson (guitares, claviers, programmations) et Tim Bowness (chant), depuis toujours le centre nerveux d’un groupe renouvelant constamment ses invi­tés. Ont collaboré en effet  au projet No-Man des musiciens aussi talentueux et essentiels que sont Richard Barbieri, Mick Karn (ex-Japan), Robert Fripp ou Mel Collins (King Crimson).

Une fois n’est pas coutume, on retrouvera donc sur ce nouvel opus une pléiade de musiciens hors normes, parmi lesquels on peut citer ici Colin EDWIN (l’excellent bassiste de Porcupine Tree), Steve Jansen à la batterie, et Theo Travis au saxophone et à la flûte. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore ce talentueux multi-instrumentiste, ce dernier seconde actuellement Didier Malherbe au sein de Gong, et collabore également à l’étonnant projet "dark ambient" de Steve Wilson nommé Bass Communion. Ce tra­vail en commun a déjà engendré la naissance de deux albums incontournables dans le domaine des musiques électroniques atmosphériques, encore une fois pas assez mis en avant au sein des médias voués à la causes des musiques progressives et avant-gardistes, dommage...

Si l’étiquette musicale de Returning Jesus se rapproche davantage du style Porcupine Tree que ses prédécesseurs, l’ambiance générale du disque se veut beau­coup plus homogène, dans une dominante calme et intimiste. Ici, point de riffs de guitares rageuses, d'envolées psychédéliques et de constructions alambiquées, mais une musique presque climatique, souvent planante, aux mélodies simples et soignées, agrémentée des textes poétiques et mélancoliques de Tim Bowness, dont le timbre fragile et léger est à rapprocher de celui de notre maître d’œuvre, M. Steve Wilson. Tout au long des neufs titres de l’album qui rivalisent de beauté et d'intensité, l’auditeur découvrira une musique certes intimiste, mais qui ne néglige pas non plus les longs développements instru­mentaux, piano et guitares acoustiques à l’appui. Je n’oublierai pas non plus de faire référence ici à l’heureuse contribution des deux  trompettistes Ian Carr et Ian Dixon, dont les quelques interventions sont tout simplement lumineuses et proche de l'esprit du label ECM.

A noter cependant que l’album ne comprend pas uniquement du matériel neuf : on y trouvera en effet la reprise d’un ancien titre (Close your Eyes), présenté ici dans une version plus aboutie, avec percussions hypnoti­ques qui rappellent étrangement l’univers du Peter Gabriel actuel. Au menu également un single paru en 1998 dans un mini EP 4 titres, Carolina Skeleton, resté jusqu'ici inédit en album. "Returning Jesus" est un disque magnifique de bout en bout donc, véritable travail d’orfèvre aux arrange­ments subtils et toujours soignés, qui réjouira à coup sûr tout amateur d’une pop différente et raffinée. A découvrir d’urgence ! Philippe Vallin

(Chronique parue dans le magazine Traverses)


Samedi 26 août 2006 6 26 /08 /Août /2006 18:25
- Par Bertrand Pourcheron et Philippe Vallin
Radiohead - Amnesiac (EMI 2001)

La bande de Thom Yorke n'a jamais cessé, depuis le référentiel "OK Computer", de faire progresser (au sens étymologique du terme) sa musique. Que l'on aime ou pas l'univers sonore si particulier de Radiohead, personne ne peut cependant en effet remettre en cause ce constat tout simple que le groupe est un véritable pionnier en matière d'expérience musicale innovante à l'aube de ce nouveau millénaire, tout comme ses aînés ont pu l'être dans les early seventies (la liste est longue, époque oblige !). Mais à la différence des groupes progressifs actuels qui prennent le parti d'un anachronisme volontaire, celui ci sait évoluer avec son temps, avec une approche créative typiquement contemporaine qui ne cesse de nous étonner (ex : le recours à l'électronique dans son fameux "Kid A", véritable pavé lancé dans la mare de la polémique).

Mais revenons en plutôt au sujet qui nous intéresse : le chenille brit-pop de "Pablo Honey" s'est donc métamorphosée lentement mais sûrement, à l'instar de l'incroyable Björk un peu plus haut vers le nord, en un superbe papillon, apôtre de la fusion et de l'expérimentation tous azimuts. Dans la foulée du très cérébral "Kid A" (cérébral peut être, mais certes pas si hermétique que certain voudraient bien le faire croire), le groupe signe aujourd'hui avec "Amnesiac" un nouveau manifeste de rock ambitieux et aventureux, qui n'a pas son pareil dans la production rock actuelle. Faisant son miel de la modernité, le combo incorpore ici à son oeuvre des influences électro ambiant manifestes (Aphex Twin, SquarePusher, Future Sound of London) et se fait plus que jamais le chantre d'une hybridation stylistique tous azimuts, et ce avec un déconcertant brio.

Ainsi, là où "Pull/Pulk Revolving Doors" lorgne du côté d'une techno-pop sous acides et où "You And Whose Army" possède un feeling rétro évoquant les clubs de jazz enfumés des années 1920, "Life In A Glass House", aux arrangements de cuivre de toute beauté, vous a des allures de gospel made in New Orleans. Vous voilà donc prévenus : le menu est tout autant halluciné qu'il est hallucinant ! Et la musique n'a de cesse de surprendre au fur et à mesure que les plages se succèdent, ce durant 43 (trop ?) courtes minutes.

Car en effet, le reste de l'album s'avère tout aussi éclectique et abouti. Dès les premières mesures du titre d'ouverture "Packed Like Sardines In A Crushed Box", dont le beat et la mélodie raide barrée renvoient autant à "Idioteque" qu'à "Everything In The Right Place", la formation impose ainsi un son et un style à nul autre pareils (même si cette introduction en la matière n'aurait pas fait tâche sur l'excellent "Exciter" de Depeche Mode, autre génie de la remise en question créative). De ce côté là, on peut même affirmer sans problème que Radiohead va beaucoup plus loin dans la prise de risque qu'un Porcupine Tree, lui aussi avant-gardiste, mais qui affiche davantage ses influences, tant soit que celles ci sont on ne peut mieux digérées.

A son aise aussi bien dans un rock évolutif mariant brillamment concision et sophistication que dans une pop atmosphérique surfant sur les crêtes du désespoir existentialiste, Radiohead réussit avec "Amnesiac" un pari risqué, qui était loin d'être gagné d'avance. Celui consistant, une année à peine après la parution d'un "Kid A" jugé par certains trop radical, à conjuguer brillamment un sens inné de la mélodie qui va à l'essentiel et des velléités résolument expérimentales. Imparable ! Bertrand Pourcheron et Philippe Vallin

(Chronique parue initialement dans le magazine Harmonie)



Jeudi 24 août 2006 4 24 /08 /Août /2006 21:21
- Par Philippe Vallin
Lazona - Le Notti Difficili (Mellow Records 2003)

Lazona n’est pas une maladie infectieuse due à un virus du groupe herpès. Non, il s’agit (heureusement !) d’un nouveau projet musical emmené par le prolifique et éclectique compositeur/bassiste italien Fabio Zuffanti. Après avoir exploré le rock progressif à travers ses aspects les plus expérimentaux (Finisterre) et symphoniques (Hostsonaten, Merlin, La Maschera Di Cera), notre talentueux musicien se tourne aujourd’hui vers ses penchants les plus modernes et contemporains. Pour mener à bien cette initiative, celui-ci s’est entouré de ses trois complices et compagnons de route que sont Stefano Marelli (guitares), Agostino Macor (claviers) et Marco Cavani (batterie/percussions), ainsi qu'une certaine Michele Nastasi à la trompette.

La musique développée par ce nouveau collectif formé en 2002 n’a donc que très peu à voir avec le symphonisme délicat cher au rock progressif italien, se rapprochant bien davantage des projets ambient de Steve Wilson (Bass Communion & IEM), du rock de chambre à la fois intimiste et grandiose des Godspeed You Black Emperor et autres Mogwai, ou encore de certaines productions du label ECM, situées entre jazz éthéré et musique électronique aventureuse. On pensera par exemple à l’univers onirique du norvégien Nils Petter Molvaer, les rythmes empruntés à la culture techno en moins, tant ce choix d’intégrer la trompette (à la fois discrète et sublime) dans le projet Lazona se révèle pertinent et efficace. L’emploi de cet instrument nous évoquera parfois aussi la mélancolie des meilleurs moments du célèbre "Apocalypse des animaux", œuvre majeure du tout début des années 70 d'un certain Vangelis Papathanassiou.

"Le Notti Difficili" est conçu comme une unique pièce de 45 minutes, divisée en quatre phases s’enchaînant les unes aux autres, alternant passages climatiques de toute beauté (nappes synthétiques, omniprésence du mellotron) et envolés en puissance, rythmique et guitares planantes à l'appui. La maîtrise de l’ensemble est quasi parfaite, mis à part quelques breaks un poil approximatif de Marco Cavani. Et c’est bien le seul point noir, très relatif d’ailleurs, de cet album enivrant qui ravira les amateurs de musiques à la fois complexes, atmosphériques et improvisées, issue d’une tradition musicale propre aux 70’s (le spectre du meilleur Pink Floyd plane ici, encore). Cette oeuvre reste cependant profondément ancrée dans l’air du temps, voir tournée vers l’avenir.

En guise de conclusion, je dirai que l’album est réservé à un public averti, pour qui le terme "ambient" ne rime pas forcément avec vide ou ennui. Car si vous êtes accroc au travail de Fabio Zuffanti en particulier et au rock progressif en général, vous risquez d'être pris au dépourvu en découvrant "Le Notti Difficili". Le musicien italien semble en effet ne jamais vouloir se répéter, et pour ma part, je ne peux que saluer cette démarche dans un monde musical où, malgré une étiquette pompeuse, on a tendance la plupart du temps à tourner en rond. Philippe Vallin

(Chronique parue dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)


Jeudi 24 août 2006 4 24 /08 /Août /2006 17:39
- Par Philippe Vallin
David Sylvian & Robert Fripp - Damage (Virgin records 2001)

"Damage", c'est tout d'abord un album live paru en 1994 en luxueuse édition "Gold" et limitée. Cet enregistrement, vite épuisé, a été réédité en 2001 pour le plus grand bonheur des fans qui avaient raté le coche. Si l'esthétique de ce nouveau disque est nettement moins soignée que celle du modèle original, la musique, et c'est bien là l'essentiel, a quant à elle subi un étonnant lifting sonore, bénéficiant d'un mixage de bien meilleure qualité. Cette nouvelle version a également l'avantage de respecter l'ordre des les morceaux tels qu'ils ont été joués en concert, ce qui rend l'ensemble plus cohérent.

Au menu, hormis la quasi intégralité de "The First day", l'album studio d’origine dont ce live est le prolongement logique, on notera la présence de quatre titres issus de "Gone to Earth", chef d'oeuvre absolu de Sylvian paru en 1986, sur lequel Robert Fripp était déjà crédité aux guitares. Ces derniers sont ici complètement revisités, avec un son plus froid, presque métallique, sans toutefois que cela en altère l'impact émotionnel. On trouvera également une très belle version de la ballade "Every color you are" extraite de "Rain Tree Crow", projet musical éclectique unique en son genre, réunissant tous les ex-Japan (David Sylvian, Richard Barbieri, Steve Jansen et Mick Karn). Cette œuvre de pop sophistiquée, malheureusement boudée par les médias lors de sa parution, restera cependant dans les annales. L'album est brillant, d'une incroyable modernité et inventivité, précurseur aussi quelque-part. On est en effet à des années lumières de la New wave fadasse qui à popularisé Japan au tout début des années 80.

Mais revenons au disque qui nous intéresse. Une magnifique version de "The First day" conclue le set avec grâce et sérénité, à l’image de l'émouvant "Damage" que Robert Fripp dédiera alors à sa mère récemment décédée. "Damage", l’album,  est à mes yeux un parfait compromis entre pop-songs planantes et puissance Crimsonienne, entre violence et fragilité. Et pour cause, Fripp et Sylvian étaient accompagnés en 1994 sur la tournée (et sur l’album studio) par Trey Gunn au Chapman stick et Pat Mastelotto à la batterie. Le line-up ne comporte en effet pas moins que la totalité de l’effectif du King Crimson dans son actuelle mouture, Adrian Belew mis à part. Citons également la présence de Michael Brook aux guitares additionnelles, ce dernier assurant tout seul à l'époque les 1ères parties de ses 2 acolytes (pour avoir un bel aperçu de son travail instrumental, je vous recommande son excellent "Live at the Aquarium" paru chez 4AD). On est cependant avec "Damage" très loin d'un nouvel ersatz du Roi cramoisi. La rencontre de David Sylvian et de Robert Fripp a engendré une musique unique en son genre, même si le son, musiciens obligent, évoque parfois celui de "Thrak" paru courant 1994, peu de temps après la collaboration de nos deux génies conceptuels.

Pour conclure, on regrettera l'absence de titre bonus dans cette réédition, ce qui constituerait pourtant l'argument d'achat décisif pour le fan déjà en possession du précieux enregistrement d'origine. Ici, un titre en remplace un autre : le répétitif, fleuve et furieux "Darshan" fait place à un "Jean the Birdman" sympathique mais quelque peu dispensable. Il y aurait largement eu matière à la réalisation d’un double album, en témoignent les quelques enregistrements pirates de très bonne qualité parus à l'issue de la tournée. Voilà quand même une bien belle occasion offerte aux retardataires de faire l'acquisition de cette œuvre rare et sublime, fruit de la précieuse collaboration entre deux musiciens géniaux (on ne le dira jamais assez !). Indispensable. Philippe Vallin



Sites web :

Robert Fripp & King Crimson : http://www.elephant-talk.com/

David Sylvian : http://www.davidsylvian.com/


Jeudi 24 août 2006 4 24 /08 /Août /2006 00:49
- Par Philippe Vallin
Tool - Lateralus (Volcano 2001)

"Lateralus" est le troisième album d'une formation rock née aux USA à l’aube des années 90, composée de 4 musiciens : Maynard James Keenan au chant, Adam Jones à la guitare, Danny Carey à la batterie et Justin Chancellor à la basse. Autant le dire de suite, ces derniers ont redonné, avec la parution de cet opus incontournable, un souffle nouveau à la grande famille "métal" dans son ensemble. Issu à la base du mouvement grunge (Nirvana, Alice in Chains), Tool s’est très vite envolé vers de nouveaux horizons musicaux, et s'il faut le ranger dans une case, ce serait celle des groupes qualifiés d’"Alternative" ou de "néo" métal". Il est pourtant évident de constater que cette musique n’a rien ou peu à voir avec celle des Korn, Rammstein, Rage against the machine ou encore Marylin Manson. Musicalement quasi indescriptible (ce qui est plutôt bon signe), je dirai juste que TOOL pratique un rock moderne et puissant, sombre et atmosphérique, très axé sur les contrastes et les ambiances, servi enfin par des musiciens à la technique monstrueuse. Pour essayer de vous donner une idée, si Dream Theater s’est inspiré de la complexité d’un Yes pour inventer le "Prog-métal", Tool a quant à lui lorgné du côté de King Crimson pour créer son univers si caractéristique. Vous voyez le parallèle ? Ce n’est donc peut être pas un hasard si Robert Fripp en personne aurait récemment déclaré que Tool est le groupe rock le plus novateur et talentueux qu’il ait eût l’occasion d’écouter depuis des lustres.

"Lateralus" tape encore plus fort que son prédécesseur "Aenima", qui cependant annonçait le chef-d'oeuvre à venir. L'album démarre sur les chapeaux de roues et ne baissera pas d'intensité jusqu'à la 78ème minute d'un voyage qui ne laissera personne indifférent. les compositions se succèdent au son des basses grondantes, martèlements de batteries hypnotiques, riffs de guitare tranchants et séquences atmosphériques à la beauté glacé, avec un génie mélodique constant et une technicité sans démonstrations superflues (même si la section rythmique à tomber par terre). Tout se confond à merveille pour donner naissance à une oeuvre violente et magnique à la fois, sans temps mort ni remplissage. Le chant de Maynard James Keenan oscille en permanence entre celui de Faith no more (influence revendiquée des musiciens de Tool) et d’Anathema, autre groupe de métal "différent" et incontournable de ces dernières années.

Pour terminer, saluons aussi l'incroyable look de "Lateralus". Sous un emballage noir, sobre et minimaliste, se cache un livret classieux en matière plastique transparente, magnifiquement illustré dans un style qui naviguerait entre Moebius et Bilal. Un tel sens graphique et ésthetique, au caractère on ne peut plus moderne et "science-fictionnel", n'étonne plus quand on sait qu’ Adam Jones, le guitariste et auteur du concept visuel, a jadis travaillé dans le milieu des effets spéciaux au cinéma, et que celui-ci a collaboré à la production de films tels que Terminator II, Predator II ou encore Jurassic Park. "Lateralus" est donc un objet d'art total, une oeuvre rare et géniale servie par un collectif de musiciens aussi talentueux que visionnaires. A suivre... Philippe Vallin



Lundi 21 août 2006 1 21 /08 /Août /2006 20:34
- Par Philippe Vallin
Hadouk Trio - En concert au Satellit Café (Naïve 2004) - DVD

On pourra dire qu’Hadouk trio nous aura bien gâté l’année dernière ! En effet, non content d’avoir publié un double album live somptueux enregistré le 9 octobre 2003 dans les studios de radio France (le Live at Fip), nos trois compères viennent de remettre le couvert avec la sortie récente d’un DVD enregistré lui aussi en public. Ce dernier est le témoignage intégral d’un magnifique concert donné par le trio au Satellit’ Café de Paris, avec une set-list sensiblement différente par rapport au double album cité précédemment. Pour ceux qui parmi vous n’auraient pas encore fait connaissance avec cette formation incontournable, une petite présentation s’impose avant d’aborder le contenu propre au DVD. "Hadouk" est la contraction des termes "hajouj" et "doudouk". Le premier désigne la basse acoustique marocaine utilisée dans la musique des Gnawa, le second fait référence au célèbre hautbois arménien dont les sonorités nous sont très familières tant celui-ci est aujourd’hui suremployé dans les grosses productions hollywoodiennes à vocation historique" (Gladiator, La Passion du Christ, Kingdom of Heaven, etc.). Ces instruments sont devenus avec le temps les emblèmes respectifs de Loy Ehrlich et de Didier Malherbe, musiciens voyageurs et artistes phares de la world-fusion, tous deux auteurs en 1995 d’un album jazz/ trad’ très frais intitulé "Hadouk" , et dans lequel on voyait déjà crédité un certain Steve Shehan aux percussions.

Notre troisième globe-trotter s’est donc joint à l’aventure pour la création d’un véritable groupe en trio, riche aujourd’hui d’un large répertoire représenté par trois albums studio tous plus réussis les uns que les autres. Issus du rock psychédélique, de la chanson française, du jazz et du folk tout azimut, nos trois expérimentés et éclectiques baroudeurs ont su se forger ensemble un style unique, développant une musique jazzy colorée et groovy, à la fois riche, émotionnelle et accessible, servie par des artistes au feeling hors pair, à l’esprit joyeux et jamais prise de tête.

Enfin, n’oublions pas de mentionner l’emploi d’un large instrumentarium issu de divers coins du monde, qui constitue l’essence même de la richesse musicale d’Hadouk Trio. Se mêlent en effet aux instruments issus du jazz traditionnel les sons de la khora, des sanzas, de la flûte bansuri, de l’ocarina, sans oublier, bien sûr, les fameuses vedettes du trio que sont le hajouj, le doudouk, et les multiples et chaleureuses percussions dont Steve Shehan* détient tous les secrets.

Le DVD qui nous intéresse constitue le parfait best-of du groupe et une introduction tout à fait pertinente à son répertoire, qui prend d’ailleurs toute sa dimension et son expressivité en live. Pas moins de 16 titres sont présentés dans le film, pour une durée totale d’1h45. Côté technique, si l’éditeur fait franchement preuve du minimum syndical en ce qui concerne les menus (très sobres, à limite de l’amateurisme), on sera heureusement et agréablement surpris par la qualité de réalisation du film, dont le montage ne se prive pas du multi-fenêtrage, très pertinent et utile pour suivre le travail simultané (et en rapproché) de chacun des musiciens. De ce côté-là, aucun problème.

L’image est un tant soit peu granuleuse, mais on ne rate rien en revanche du concert en lui-même, tant la caméra suit avec attention les événements qui se déroulent sur scène. Dommage cependant que le concert ne soit pas présenté en mix continu. En effet, le fondu au noir entre chaque morceau est un choix qui à mon sens casse un peu l’ambiance et la magie d’une prestation live.

La prise de son est excellente, même si certains regretteront l’absence de 5.1 leur permettant de vivre (ou de revivre) pleinement le concert dans leur salon. Quant à l’absence totale de bonus chers aux accrocs du format DVD, celle-ci est largement compensée par un contenu généreux au niveau du film en lui-même, qui, au-delà des quelques défauts évoqués ci-dessous, retranscrit assez fidèlement l’atmosphère chaleureuse des sets donnés par le groupe.

Au final, si Hadouk trio méritait un bien plus bel objet que cet austère DVD au design bâclé et dénué de tout supplément, l’invitation au voyage reste intacte. N’est-ce pas cela l’essentiel ? Philippe Vallin

(Chronique parue dans le magazine Ethnotempos)



* Je vous engage vivement à visiter le somptueux site web de Steve Shehan, qui, entre-autres, contient quelques vidéos fort instructives de l'artiste en action, avec une présentation commentée de chacun des instruments et démonstration à l'appui : http://www.steveshehan.com/




Nouvel album : "Utopies" (Naïve 2006)

Lundi 21 août 2006 1 21 /08 /Août /2006 07:14
- Par Philippe Vallin
PETER GABRIEL - Secret World Live (Realworld 2003) - DVD
Widescreen digitally re-mixed and re-mastered

Ce DVD retrace l’intégralité du show enregistré à Modena en Italie au cours de l’énorme tournée promotionnelle de l’album "Us", pour laquelle Peter Gabriel aura mis le paquet comme jamais au niveau des moyens techniques déployés. Et la liste des artifices est longue : écran géant mobile, pyrotechnie, nombreux décors et accessoires insolites (cabine téléphonique, arbres ou pirogue !), scène double (l’une carrée et l’autre ronde, symbolisant respectivement le masculin et le féminin, toutes deux reliées par un tapis roulant). Sans oublier les trouvailles vidéo en tout genre, comme cette inénarrable micro-caméra fixée sur le crâne des musiciens, reproduisant en grand large l’image de leurs visages déformés ! Si la set list fait la part belle à l’album "Us" (pas moins de sept titres représentés sur dix, dont les émouvants "blood of eden" et "Washing of the water"), elle n’en est pas moins riche en hits incontournables ("Solsbury hill", "Sledgehammer")  et autres moments de pure grâce, comme cet enchaînement du sublime "accross the river" et de l’onirique "slow marimbas", où le double violon de l’indien Shankar vous refile le grand frisson. Riche idée aussi d’avoir remplacé pour la vidéo et le DVD le fameux  "Red rain" (bien présent quant à lui sur le double CD audio) par "San Jacinto", l’un des tous meilleurs titres de Gabriel, se voulant ici le prétexte idéal à la création d’un jeu scénique époustouflant tant sur le plan visuel qu’émotionnel.

Mais ce qu’on retiendra le plus de ce formidable concert, c’est bien la profonde chaleur humaine qui s’en dégage. Ici, point de star, ni de "guest" : chaque musicien a une place de choix dans l’organisation et participe avec entrain à la fête collective. Du Tony Levin impérial au David Rhodes sautillant, sans oublier les Shankar (quelle incroyable présence !), Jean-Claude Naimro (claviériste du groupe Kassav’) et Manu Katché, tout le monde se retrouve tour à tour le point de mire du spectateur et chacun semble véritablement prendre son pied. Et quant à la gracieuse Paula Cole, celle-ci n’est pas la choriste/potiche de service comme on en voit trop souvent accompagner les rock stars, mais bien au contraire, on peut la considérer ici en tant que véritable chanteuse à part entière. Cet état d’esprit est symbolisé à lui seul par le morceau final "In your Eyes", véritable hymne à la tolérance et à l’unité, où on retrouve tous les protagonistes du live ensembles sur scène pour un ultime panard musical, sans même oublier Papa Wemba et ses amis de Molokaï, qui assuraient la première partie du tour. Pas de doute à avoir en visionnant ce live sur l’incroyable générosité de ce monsieur Peter Gabriel, artiste rare et précieux qui n’a à mon avis pas fini de nous étonner.

Vous pouvez donc vous débarrasser sans le moindre regret de votre VHS paru en 1994, simultanément avec le double CD du même nom, car la présente galette numérique va tout simplement faire exploser votre Home cinéma. En effet, non content de bénéficier d’un son haut de gamme remastérisé (avec, au choix, le système 5.1, le DTS ou la stéréo), les bandes d’origines ont été entièrement remixées et retravaillées en studio. Cela s’entend tout particulièrement sur des morceaux comme "Digging in the dirt", "secret world" ou "Kiss that frog", bénéficiant de l’ajout de nouveaux effets de claviers et guitares. Idem sur certaines parties vocales, celles de l’excellente Paula Cole notamment, rehaussées à grand renfort d'effets reverb et d’écho ("Don’t give up", "In your Eyes") qui apportent une nouvelle profondeur au chant. Mais l’effet pervers de ce joli lifting sonore, c’est d’avoir aujourd’hui l’impression que la basse de Tony Levin, exubérante dans la version audio d’origine, se retrouve ici quelque peu sous-mixée ! Dommage…

L’image du DVD se veut de bonne qualité, quoique légèrement granuleuse dans l’ensemble, et présentée ici en format 16/9ème très classieux. Côté classe, rien à redire non plus sur les menus animés permettant d’accéder aux nombreux chapitres et de naviguer à travers les différentes rubriques de ce très bel objet. En effet, ces menus nous présentent quelques jolies animations scéniques jouant avec l’ombre de Gabriel, sur des fonds musicaux pertinemment choisis (des extraits de "Passion" pour la plupart).

Finissons cette chronique par les incontournables bonus. Le premier de la liste s’appelle "Timelapse", une séquence vidéo amusante tournée à Berlin et projetée en vitesse ultra- accélérée, à travers laquelle on assiste béatement au montage des différents éléments du show, à l’arrivée du public dans la salle, au spectacle proprement dit, et enfin au démontage de l’imposant dispositif scénique, tout cela en quelques… 3 minutes ! Vient ensuite un petit making-of de la tournée (15 minutes environ) sous la forme d’une interview de Gabriel, qui nous livre tous les secrets techniques du show et nous fait la présentation de son équipe de musiciens. On trouvera également un clip de "quiet steam" (version ambient du célèbre hit du même nom) déroulant un montage de photos diverses prises durant la tournée, et pour conclure, un film annonce de 8 minutes consacré au "Growing Up Tour" (*autre DVD indispensable paru depuis !), conçu encore une fois à partir d’une interview de Gabriel himself. Ce dernier ne fait ici que survoler le concept scénique de son nouveau show, qui, une fois n’est pas coutume, s’annonce tout aussi démesuré et riche en surprises que son prédécesseur. Mais en attendant, vous pouvez bénéficier d’une occasion unique de vous (re ?) plonger dans l’un des plus grands moments live auquel il m’ait été donné d’assister, par le biais de ce magnifique DVD. Philippe Vallin




Dimanche 20 août 2006 7 20 /08 /Août /2006 20:44
- Par Philippe Vallin
Vital Duo - Ex Tempore (Musea 2001)

Thierry et Jean-Luc Payssan m’avaient littéralement ébloui lors de leur fantastique prestation au festival de rock progressif de Corbigny en 1999. La musique délivrée en live  par les deux multi-instrumentistes, cocktail énergique de tonalités rock, folk et médiévales, avait fait forte impression auprès du public dont je faisais alors partie. "Ex Tempore", le résultat sur disque de ce projet annexe à Minimum Vital (le groupe mené par nos deux doués frangins) n’est malheureusement pas tout à fait à la hauteur de ce souvenir impérissable. Mais cette déception est toute relative, car ce premier opus en duo de Thierry et Jean-Luc n’en demeure pas moins une franche réussite, d’une originalité absolue, et un disque excellent dans son ensemble. Les frères Payssan vont ici encore plus loin dans leur exploration et remaniement des musiques anciennes, en mixant allègrement voix (utilisées comme un instrument), instrumentation moderne (guitares, claviers, batterie) et ancienne (mandoline, cistre et orgue d’église).

Il résulte de cette alchimie 14 pièces musicales complètement abouties, mais malheureusement inégales entre elles. Si des titres comme "La tour haute", "Loué son nom", "Tel rit au main", "En Castille" proposent une musique véritablement enjouée, dynamique et colorée, je n’en dirai pas autant par exemple des "saisons marines", un poil soporifique, ou de la suite "Nostre dame : une messe", édifice mal ficelé qui rend l’écoute pénible à la longue. Et que dire de "X-File", petit clin d’œil techno certes amusant mais pas franchement utile ici à mon humble avis, laissons le genre aux spécialistes qui sauront beaucoup mieux y faire (notre bon vieux Mike Oldfield y récidive sans cesse depuis des années et bonjour la catastrophe !). Mais ces quelques petites ombres au tableau ne seront pas suffisantes pour ternir "Ex-tempore" et vous faire regretter votre acquisition. Pour conclure, je saluerai encore une fois la passion et la créativité de Thierry et Jean Luc, qui se déclarent eux-même dans ce disque comme deux troubadours modernes qui découvriraient l'énergie du rock. Et je vous le confirme, à l’écoute, c’est exactement ça ! Philippe Vallin

VITAL DUO - Les jardins hors du temps (Musea 2003) - DVD

Vital duo est une expérience tellement forte et géniale à vivre en live qu’il y avait fort à parier pour que les frères Payssan, instigateurs et leaders du fameux groupe français Minimum Vital, en immortalisent un jour une prestation sur support DVD. Et c’est donc chose faite aujourd’hui avec "Le jardin hors du temps", concert enregistré dans les conditions du live (autrement dit sans public) à la chapelle de Mussonville en Gironde, les 28 et 29 septembre 2002. Autant dire que cette jolie galette se déguste religieusement, comme une sorte de concert ultra-privé où vous auriez été seul à être convié. Ici, rien de superflu à l’image : un décor on ne peut plus rudimentaire (pour ne pas dire austère), un éclairage fixe et minimaliste, et surtout aucun effet spécial dans la très sage réalisation de Gilles Pialat. En fait, rien qui ne saurait vous détourner de la musique, substance primordiale de ce DVD, exécutée avec brio par nos amis Jean-Luc et Thierry, totalement impliqués corps et âme dans leur prestation.

Rappelons que ces deux hommes-orchestres officient respectivement (et simultanément !) à la guitare, cistre, mandoline et batterie pour le premier, et aux claviers et percussions pour le second. Rappelons aussi que le projet Vital duo est un fabuleux cocktail de musique folk/rock vivante, enjouée, et de divers éléments empruntés au patrimoine de la musique moyenâgeuse. Nous en avions déjà eu un magnifique aperçu courant 2001 avec la parution de l’original "Ex tempore", et l’essai sera largement transformé par la sortie de ce live tout aussi essentiel, si ce n’est plus. Car ce qui justifie avant tout l’achat de ce très bel objet réalisé avec le plus grand soin, ce n’est rien de moins que la présence de 6 titres inédits sur 9. Avec les nouvelles compositions dynamiques et contrastées que sont "Zlideline danse", "Sliman", "Gothik", "Les jardins aux statues", "Officium" et "Mauresque", c’est quasiment à la découverte d’un nouvel album que nous convient les frères payssan, et qui plus est enregistré en direct, insufflant ainsi à la musique davantage d’énergie et de spontanéité.

Un vrai régal qui sera complété par un bonus plus qu’honorable, puisqu’on retrouve ici également en version remasterisée "Les mondes de Minimum Vital", une collection de 7 morceaux enregistrés en concert et publiés en 1994 sous la forme d’une VHS aujourd’hui devenue une véritable antiquité. Si le pressage DVD n’enlèvera finalement rien à la faible qualité technique du master d’origine, on sera cependant bienheureux d’y retrouver certains titres qui ont fait le succès du groupe, comme "Les mondes de Miranda", "Modern’ trad", "A bien des égards" ou encore "La source". On sera bienheureux également de constater l’évolution du groupe sur le plan vestimentaire (beaucoup plus sobre aujourd’hui), tant le look des musiciens, déjà d’un autre âge il y a 10 ans, nous paraît aujourd’hui complètement ringard et tout juste digne d’une série Z de cape et d’épée où d’un jeu de rôle médiéval grandeur nature. Au niveau musical par contre, Minimum Vital était déjà dans sa pleine maturité, et on en salive avec d’autant plus d’impatience en attendant la  parution de leur prochain album. Espérons que le groupe y marquera encore une belle évolution, ce qui semble être son principal mot d’ordre depuis le début de sa carrière. Philippe Vallin

(chroniques parue dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)


 
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