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Ce blog est consacré à mes activités d'animateur socioculturel à la ville de Saint-Denis (93), mais aussi de chroniqueur et de musicien amateur. Au fil de ces pages, vous pourrez suivre l'actualité de divers projets professionnels et autres initiatives que je pilote ou auxquels je suis associé : rencontres et événements culturels, concerts, scènes ouvertes, jumelages artistiques, etc. Quelques chroniques musicales seront également publiées selon les coups de coeur et l'inspiration. En bref, ce site est une petite fenêtre ouverte sur mon réseau de proximité, un espace d'information et de partage d'expériences. A bientôt ! PV.

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Samedi 28 octobre 2006 6 28 /10 /Oct /2006 16:56
- Par Philippe Vallin
Anekdoten - From  within (Musea 1999)

Il y a un peu plus d’un an, l’excellentissime "Official bootleg live in Japan" nous offrait un petit avant goût de ce nouvel album d’Anekdoten, avec deux titres de très bonne facture joués en public, "Slow fire" et "Groundbound". Il est désormais possible de passer au plat de résistance avec la parution saluée de "From within", servi avec classe par l’un des tous meilleurs groupes de rock scandinave actuel. "From within" s’inscrit dans la droite continuité stylistique du désormais classique "Vemod", soit un peu moins violent et torturé que le percutant "Nucleus", dernier album studio en date de nos suédois. La musique déployée ici est beaucoup moins concise et directe, et si l’ensemble reste toujours aussi sombre et tourmenté (Crimsonien à souhait, cela va sans dire), le groupe développe davantage les aspects climatiques de sa musique. Cette démarche laisse le temps et le soin à l’auditeur de s’installer dans les ambiances contrastées du disque, qui se déploient à travers huit titres à la beauté glacée. N’allez pas croire qu’on s’endort aussi sec à l’écoute de cette perle noire, la musique se veut en effet souvent puissante, avec de nombreuses montées de guitare rageuses et de profondes nappes de mellotron, appuyées par une section rythmique toujours aussi renversante ("from within", "Kiss of life"). Les suédois ont cependant réussi à créer tout au long de ce nouvel opus un climat sombre dont la beauté obscure et la tension générée ne sauraient laisser indifférent. Nous voilà donc en présence d’un véritable album de rock-prog atmosphérique et énergique qui ravira tout autant les amateurs de Pink Floyd, King Crimson, ou encore Porcupine Tree, comme en témoigne à merveille "The sun absolute" et sa ligne de basse planante et obsédante. Si la musique se veut par instant dure et puissante, elle n’agresse jamais l’oreille, et les passages les plus "métalliques" s’intègrent parfaitement dans le contexte et la continuité d’un album que je vous conseille d’écouter d’une seule traite, afin d’en capter toutes les finesses et saveurs. Les fans de sonorités seventies seront à la fête (mellotron omniprésent), mais on ne saurait en aucun cas qualifier cette nouvelle oeuvre comme has-been ou passéiste. "From within" est à n’en point douter un album brillant (et non bruyant !), maitrisé de bout en bout, qui devrait sans trop de problème passer l'épreuve du temps. A noter pour finir la présence envoûtante du violoncelle d’Anna Sofi Dahlberg, qui confère aux compositions un aspect encore plus mystérieux et terriblement beau. Philippe Vallin

(Chronique parue en 1999 dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)


Site web : www.anekdoten.se


Samedi 21 octobre 2006 6 21 /10 /Oct /2006 23:25
- Par Philippe Vallin
Joon Claudio En concert à la Tribu [Stains]
Vendredi 10 novembre à 21h
Festival des Villes des Musiques du Monde



Joon Claudio
est un artiste multi-talents originaire des Philippines, à la fois peintre contemporain et musicien. Chanteur accompli s'exprimant en français et en Tagalog, mais aussi virtuose de la flûte en bambou, son univers acoustique puise dans l'héritage culturel de son pays natal. Cocktail de sonorités latines, pop et extrême-orientales, sa musique sans frontière est un appel au voyage et à la rencontre, à l'image des invités venus d'horizons divers qui le rejoindront sur scène. 

Invités : Philippe Vallin, Faouzia Hilmi, Boris Lelong, Hacene Abchiche et Hania Hastings-Lakhdari




Cette manifestation s'inscrit dans le cadre du festival VILLES DES MUSIQUES DU MONDE, en collaboration avec le CAFE CULTUREL de Saint-Denis.

Le concert sera précédé par le vernissage de l'exposition des oeuvres picturales de Jonathan Du et Joon Claudio, qui se déroulera de 18h30 à 19h30. 

Dîner à partir de 19h30 (réservation indispensable)


LA TRIBU
30, avenue Louis Bordes
93240 Stains
Tel : 01 48 29 57 23

M° Ligne 13 Saint-Denis Université
Bus 255, 253 directions Stains "Les Prévoyants"
Arrêt Mairie de Stains, 1ère à droite, façe à la poste


Dimanche 8 octobre 2006 7 08 /10 /Oct /2006 21:19
- Par Philippe Vallin
Dysfonctionnaire

En sortant de l'école, je n'savais pas trop quoi faire, mais comme tout le monde fallait bien aller bosser. Même pas un bac en poche, juste le niveau brevet, franchement, j'avais pas de quoi frimer. Alors j'me suis remué le derrière, j'ai passé le concours de base, la "catégorie C". Coup de bol, j'l'ai réussi de justesse, mais j'm'en fous, maintenant au moins j'suis titularisé.

C'est clair, le service public pour moi, c'était pas vraiment une vocation. C'est un peu par hasard que j'me suis retrouvé là, dans l'administration. Tantôt agent d'accueil et tantôt gratte-papier, appelez moi secrétaire. J'suis pas motivé, mais polyvalent, j'suis... Dysfonctionnaire !

Dysfonctionnaire, dysfonctionnaire
C'est ma galère, mon déroulement de carrière
Dysfonctionnaire, dysfonctionnaire
Quoi d'autre à faire pour un salaire de misère ?

Tous les matins dans mon box, j'reçois des personnes qui me saoulent avec leurs démarches. L'après-midi, j'fais du classement et j'tape des courriers pour les grands pontes à la DRH. C'est pas passionnant, ça non, mais moi au moins, j'ai la sécurité de l'emploi. Et puis, huit pauses par jour à la cafète, franchement, c'est pas dans le privé que j'pourrais m'permettre ça.

Les gens râlent toujours quand on leur dit qu'il manque une pièce à leur dossier. Parfois ils s'énervent grave, les plus relous vont même jusqu'à nous insulter. Moi j'me prends plus la tête, fini le standard, c'est boite vocale à longueur de journée. Pendant ma perm, j'disparais physiquement, j'me la joue star, j'accueille à guichet fermé.

Certains nous disent souvent aussi qu'il n'y a jamais personne pour nous remplacer. Qu'on est toujours absents, avec nos arrêts maladie, nos jours de grève, et toutes nos RTT. Moi j'ai la mémoire photographique, ceux-là je les repère facile et j'peux vous dire que si ils rappliquent, ils ont de quoi grincer des dents et pester pour de bon quand j'leur fais le coup de la panne informatique !

L'autre jour, j'entends une petite vieille qui se plaint du délai d'attente. J'lui dis qu'à son âge elle a le temps, mais la dame s'excite, elle n'a pas l'air contente. Arrive enfin son tour, elle n'avait pas pris son ticket alors je la renvoie à la file, au fond, derrière. Je sais, ce n'est pas très gentil, c'est même un peu pervers, mais j'y peux rien, j'suis dysfonctionnaire !

Dysfonctionnaire, dysfonctionnaire
C'est ma galère, mon déroulement de carrière
Dysfonctionnaire, dysfonctionnaire
Quoi d'autre à faire pour un salaire de misère ?

Oh et puis zut, il n'y a pas que le public qui fait la queue, nous, ça nous arrive tout le temps devant le photocopieur. Sans compter les bourrages papier, là, faut carrément démonter tout le machin, j'vous raconte pas le labeur. Dans ce cas, moi j'abandonne et j'retourne tranquille derrière mon PC jouer au solitaire. Savoir lâcher l'affaire collègue, c'est la seule chose à faire, qu'importent les formulaires.

De temps à autre, j'assure quand même un peu de taf, sinon ça n'serait pas rigolo. Et puis, un peu de respect merde, tout ça c'est quand même grâce à vous, enfin, j'veux dire, à vos impôts. Entre deux notes à rédiger, j'te fais de ces cocottes en papiers, de véritables merveilles. Et si pour la veille, on m'demande de pondre un joli tableau, alors là, comme personne... "J'EXCEL" !

Chaque semaine, je participe à une réunion de service, j'suis content, ça m'fait une p'tite récréation. Mais pour mes boss, ceux qu'on appelle les "cadres", la réunion, c'est un métier, pour ne pas dire une religion. Ils y passent tellement de temps qu'il ne doit pas leur en rester beaucoup pour vraiment se mettre à travailler. Remarquez, nous, pendant ce temps là, on est peinards, et on peut continuer à buller.

Tous les ans, un peu comme à l'école, t'es reçu par ton supérieur qui te refile ta notation. Parait que c'est vachement important pour ta carrière, tu sais, l'entretien d'évaluation. Moi quand je serai grand, je monterai les échelons et fini pour de bon les salaires de misère. Un bureau pour ma pomme, une plaque avec mon nom, la v'là ma vocation : "super-dysfonctionnaire" !

Dysfonctionnaire, dysfonctionnaire
C'est ma galère, mon déroulement de carrière
Dysfonctionnaire, dysfonctionnaire
Quoi d'autre à faire pour un salaire de misère ?


Philippe Vallin



Quand on dysfonctionne en live avec Joon Claudio !


Dimanche 1 octobre 2006 7 01 /10 /Oct /2006 21:15
- Par Philippe Vallin
Porcupine Tree - Recordings (Kscope/Snapper 2001)

"Recordings" est une compilation qui reprend l’ensemble des titres bonus parus sur les différents singles de la période "Stupid dream" / "Lightbulb sun".  Ce nouveau CD contient toutefois quelques vraies nouveautés, enregistrées par le groupe rock anglais au cours de sessions qui se sont déroulées en mars et novembre 2000. Je vous invite à un petit tour d’horizon d’un menu plutôt appétissant. L’album s’ouvre sur "Buying New Soul", magnifique pièce de 10 minutes qui aurait pu dignement trouver sa place sur l’un des deux disques studio en date, tant la qualité est au rendez vous. On y retrouve en effet tout ce qui fait le style et la force de Porcupine Tree, la douceur acoustique et la puissance électrique conjuguées, une atmosphère très prenante et une intensité qui va crescendo. Bref, la synthèse parfaite de l’univers musical d’un groupe en pleine ascension.

Pour une entrée en la matière, ca commence vraiment très fort ! Ensuite, ce sera en vrac la valse des plats de résistances, des desserts et des trous normands. Le ton retrouve en effet une tout autre légèreté dès le deuxième titre, inédit lui aussi, intitulé "Access Denied". Ce court morceau rappelle la tonalité et l’ambiance bon enfant de "Piano lessons", premier single extrait de l’excellent et désormais classique "Stupid dream". Le titre constitue, de par son côté très second degré, une sorte de clin d’œil déjanté aux Beatles, amusant, sans toutefois vous coller au plafond. "Oceans Have No Memory" affiche une tout autre ambition, magnifique titre instrumental au génie mélodique brut d’émotion, presque méditatif et empli d’une douce nostalgie. Celui-ci rappelle étrangement certaines pièces instrumentales issues de la participation du canadien Daniel Danois au projet "Appolo : atmospheres & soundtracks" (1983), chef d’œuvre absolu de Brian Eno en matière de musique planante. Même sonorité et touché de guitare, même mélancolie, même impression de survoler la Terre et de la contempler avec respect. On jurerait presque qu’il s’agit là d’un clin d’œil avoué à l’œuvre de Eno, tant la ressemblance est frappante. Le titre idéal pour conclure l’album en douceur, et le groupe ne s’y est pas trompé en lui donnant cette place de choix. D’ici là, on oscillera entre l’excellent et le bon, mais jamais le médiocre.

On retrouve d’une manière générale sur "Recordings" la même tendance à la ballade pop acoustique relevée sur "Lightbulb sun", ainsi que quelques morceaux allant du plus direct  au plus ambitieux, an sens "enivrant" du terme. Aucune faute de goût à déplorer ici, aucun sentiment de remplissage (y compris avec la version longue du fameux "Even Less" et sa seconde partie inédite), mais juste une fine collection de perles au raffinement extrême qui ne demandaient qu’à sortir de l’ombre et à être compilées via une heureuse initiative discographique. C’est aujourd’hui chose faite, pour le plus grand plaisir de tous les fans de Porcupine Tree. On est bien loin ici des productions du même genre, compilations de pseudo raretées ou autres versions alternatives, éditées par des artistes ou maisons de disques sans scrupules, purement mercantiles et bien souvent inutiles. Nous sommes ici en effet à des millions d’années lumière d’une quelconque arnaque pour fan pris en otage par sa propre passion. Jetez donc pour vous en convaincre une oreille attentive sur "Untitled", mélange habile de rock éthéré et d’ambient. C’eût été purement et simplement criminel de ne pas publier une telle merveille, même en édition limitée tirée à 20 000 exemplaires !

Porcupine Tree est devenu, en l’espace de quelques années, l’une des formations majeure et incontournable du paysage rock contemporain. Et la preuve en est, même leurs propres fonds de cuve font partie des indispensables ! Vous en connaissez beaucoup vous, des groupes qui maintiennent un tel niveau de qualité sur l’ensemble de leur production ? Pas moi. Philippe Vallin

(Chronique parue en 2001 dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)

Lundi 25 septembre 2006 1 25 /09 /Sep /2006 14:48
- Par Philippe Vallin
Le centre de vacances de Montrem en Périgord

Montrem est une petite commune rurale du Périgord blanc, située à une quinzaine de kilomètres du centre historique de Périgueux. A quelques centaines de mètres du bourg, dans un cadre serein et verdoyant, se découvre un centre de vacances ouvert toute l'année, dont la ville de Saint-Denis est propriétaire depuis des décennies. Cette grande structure polyvalente est destinée à l'acceuil de tous publics (enfants, retraités, familles, associations, etc.), et ce sous diverses formules : colonies de vacances, classes vertes, gîtes et chambres d'hôtes pour les particuliers, stages de formation, séminaires, forums citoyens, et  bien d'autres encore.













Le Château de Pratz, dans le centre de vacances















Les alentours de Montrem en Périgord

Pour ma part, je fréquente régulièrement Montrem depuis maintenant six années, en tant que professionnel de l'animation des personnes âgées à la ville de Saint-Denis, mais aussi en tant que membre actif de l'association Altamira. A Montrem, ces deux "casquettes" se conjuguent d'ailleurs la plupart du temps avec passion et bonheur ! En effet, chaque année en juin ou en septembre, avec l'équipe permanente du centre, nous y co-organisons, deux semaines durant, un séjour de vacances à l'attention du public retraités dionysien. Compte-tenu des difficultés éventuelles que peuvent rencontrer les personnes, ce séjour annuel représente pour certains le seul et unique moyen de partir en vacances, et ainsi, de rompre avec le quotidien de leur cadre urbain. Au moyen d'un accompagnement et d'un encadrement solide (animateurs, personnel du service Maintien à Domicile), mais aussi d'un équipement de qualité sur place, nous facilitons par exemple à Montrem l'accès des personnes à mobilités réduites.














Le centre de vacances de Montrem, petit monde paisible, mais aux dynamiques insoupçonnées...

L'accueil à Montrem est on ne peut plus familial, généreux et chaleureux, et les possibilités sur place sans limite, ou presque ! Le centre s'étend sur plusieurs dizaines d'hectares d'un domaine champêtre et boisé, où il fait bon flâner, écouter, observer, se poser, mais aussi vivre une multitude d'expériences sociales et culturelles. Celles-ci sont facilitées par les nombreuses rencontres organisées (ou improvisées) sur place, mais aussi autour du centre de vacances, grâce à de nombreuses et enrichissantes sorties. Le "Village vacances" de Montrem, fort d'un solide et engagé projet collectif, a toujours privilégié les relations avec les habitants, agriculteurs, producteurs, artisans, artistes, bénévoles, militants et autres ressources locales. Ces rapports avec l'environnement humain de proximité enrichissent les possibilités de pratiques culturelles durant le séjour, et génèrent du débat, des échanges, des activités, voir même des créations communes de toutes sortes. En bref, de la vie et de l'émotion.

Impossible, à ce moment précis de ma petite présentation, de ne pas aborder l'art de la gastronomie telle qu'elle se pratique au centre de vacances. Tradition périgourdine oblige, la table de Montrem nous offre quotidiennement une cuisine familiale et riche en saveurs, préparée sur place avec amour et savoir-faire, avec des produits frais issus du réseau humain et du terroir avoisinant. Moment de socialisation par excellence, les repas à Montrem, appréciés de tous, tendent à se prolonger dans la convivialité et la bonne humeur, tout particulièrement avec le public retraités qui nous intéresse.













Les plaisirs de la table à Montrem


Altamira et Montrem, où la petite histoire d'un riche partenariat


Notre association a participé à chacun des séjours retraités organisés à Montrem depuis 2004. A chaque reprise, c'est une nouvelle aventure qui commence et de nouveaux et passionnants processus humains qui sont mis en oeuvre. Lors de notre première participation avec mes amis Boris Lelong et Joon Claudio, nous avions tenté d'effectuer une sorte d'accompagnement culturel du séjour retraités. De nombreuses activités ont été créées spontanément sur place, sans que rien n'ait été préparé ou même pensé au préalable.
Nous avons réalisé ensemble, à notre retour, un CD de souvenirs sonores, baptisé "Un air de campagne". Celui-ci retraçe en musique quelques ambiances et évènements marquants du séjour sous tous ses aspects, animations et vie quotidienne. Le disque ainsi produit a été gravé à 80 exemplaires et offert aux retraités et aux divers intervenants sur le séjour. Mélodies andines, chanson philippine, air de danse breton, flûtes de tous horizons se rencontrent au cours d'un voyage sonore conclu par un conte périgourdin, narré avec talent par Jacques Ranoux, le passionant directeur du Centre de Vacances de Montrem.

Septembre 2005, Altamira anime un projet radiophonique, avec la diffusion quotidienne sur Radio Tête d'Ane, station fm locale et peu orthodoxe créée par Jacques Ranoux, d'une émission intitulée "La ruade matinale", réalisée avec le concours des retraités du séjour.  La radio est un outil très enrichissant sur un lieu de vie collective, permettant aux participants de partager avec humour et émotion leurs impressions, sur le vif ou après coup, tout en ouvrant la porte à l'imaginaire et à la mémoire. Cette émission, souvent parodique, se faisait donc l'écho des évènements et activités du séjour, tout en laissant place à un large pannel d'expression individuelle ou généré par l'effet de groupe, pris sur le vif ou enregistré en studio. Les meilleurs moments ont été une nouvelle fois compilés sur un CD, offert aux participants à l'issue de leur séjour.














Les CD "Un air de campagne" (2004) et "La ruade matinale" (2005)

En septembre 2005, Boris Lelong et moi-même avons eu l'occasion d'accompagner ensemble, et en musique, le conte préhistorique "Nagaka, le tailleur de pierre", narré par Jacques Ranoux lors d'une veillée avec les retraités. La musique ainsi créée a été totalement improvisée avec l'aide de divers instruments acoustiques et traditionnels, flûtes amérindiennes et percussions.














Veillée contes, avec au centre, Jacques Ranoux

L'association Altamira, en dehors des séjours retraités, a été invitée à participer à un forum citoyen organisé sur le centre en octobre 2004, puis en avril 2005 à l'occasion d'une grande soirée placée sous le thème "Cultures paysannes, du terroir à la planète". L'évènement, préparé avec le concours des bénévoles du comité des fêtes local, entremêlait musiques vivantes, projection diapos et échanges avec le public sur les thèmes portés par Montrem et Altamira. D'autres projets avec le petit monde dynamique de Montrem en Périgord sont d'ores et déjà à l'étude pour 2006 et au delà !


Quelques moments vécus lors du séjour retraités en septembre 2006

La veillée "Ciné-concert"

Cette année, nous avons décidé d'intégrer, pour la première fois, la musique électronique à nos aventures créatives en Périgord (une vieille passion commune avec mon ami Boris, par ailleurs synthétiste très doué). Tout à commencé lors d'une veillée "Ciné-concert", où à trois musiciens, nous nous sommes amusés à inventer, en direct, la nouvelle bande sonore d'un segment de trente minutes issu du film "Baraka" de Ron Fricke (une reflexion sur le monde contemporain dans sa diversité culturelle, a partir du seul langage universel existant : image, son et musique). Matthieu Le Rhun, animateur vacataire au centre de vacances (avec lequel nous avions fait connaissance la veille !), se portera volontaire pour cette enrichissante expérience qui nous tenait à coeur depuis longtemps. Le public n'aura eu aucun mal à pénétrer cet univers pour le moins insolite, en témoignent les nombreuses réactions d'enthousiasme qui s'en suivront.

Baraka version 2006
- Boris Lelong : émulateur de sons électroniques (nappes, textures, arpégiateurs), derbouka, piano à pouces, voix
- Philippe Vallin : Flute kiowa et hipanog, didgeridoo, rainstick, bol tibétain, bracelet péruvien, voix
- Matthieu Le Rhun : guimbarde vietnamienne, claves, tingshaws, oeufs



























Les préparatifs du "ciné-concert", quelques petites heures seulement avant l'évènement


La veillée se poursuivra en musiques et à travers nombreux échanges, anecdotes vécues, présentations d'instruments du monde, etc.. C'est au cours de cette très belle soirée que nous ferons la connaissance d'Hania, formidable jeune chanteuse d'origine Kabyle, et amie de Marie-Jo, intervenante de longue date sur nos séjours avec les retraités. Hania, très spontanément, nous offrira un poème de Khalil Gibran, relayé par son chant à la fois puissant et tout en nuance. Une artiste à découvrir d'urgence !














Duo de flutes coyotes, ou "Siyotankas" (Amérique du Nord)













Mathieu à la guitare et Boris au derbouka, pour un jam aux motifs "arabisants"















Et nos amis retraités noctambules, berçés par la musique


Veillée relaxation et concert improvisé


Chaque année, la douce Marie-Jo Garcia intervient sur le séjour retraités. Il s'est instauré avec le temps une chaleureuse, sincère et durable relation entre cette dernière et les personnes âgées qui reviennent à Montrem. Dans chacune des activités qu'elle développe sur le centre (bien-être, relaxation, massages, etc), Marie-Jo instaure un réel climat de confiance au sein du groupe et dans les relations individuelles. Celà permet à chacun de s'exprimer librement et avec aisance, mais aussi de laisser s'épanouir ses propres penchants créatifs, bien souvent insoupçonnés.

Au cours d'une séance de relaxation proposée en veillée, Boris, Matthieu et moi-même avons renouvelé l'experience de l'accompagnement musical, cette fois à travers la création de paysages sonores immergeant les personnes dans une sorte de "voyage interieur", avec Marie-Jo pour seul guide.

Nous avons enchainé cette experience très forte avec une autre en fin de soirée, moment unique et privilégié où nous avons improvisé, devant un public très en demande, un petit concert, cette fois-ci à 5 musiciens. En effet, Hania était de retour avec son ami Eric, talentueux percussionniste qui avait fait le déplacement avec bon nombre de ses instruments : grand daf iranien, bendir, tambourins, etc.

Tout au long de cette très sensuelle et innatendue création collective, se sont donc entremêlées  voix, notes de guitares, sonorités Moyen-orientales, et textures atmosphériques, préparant ainsi nos amis retraités à une nuit paisible et pleine de beaux rêves !
















Denise en grande discussion avec Marie-Jo (à droite)
Ci-dessous : Eric, Matthieu, Hania et Philippe

 
 
 
 
 
 
 
 
 















 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Musiques spontanées, émotions partagées



Le théâtre des Lébérous

 
Le théâtre des Lébérous est une véritable institution à Montrem. Cette innénarable "Mythologie locale", imaginée par le personnel d'animation du centre, reprend vie chaque année, que ce soit durant l'été avec les enfants ou lors des séjours avec les retraités (où ces derniers sont d'ailleurs largement mis à contribution). Scénarios loufoques orchestrés par Jacques Ranoux et improvisations débridées sont à l'honneur dans ce théâtre "libéré", où toutes les folies sont permises, voir fortement encouragées !Comme l'année précédente, Boris et moi-même avons été sollicités pour la partie musicale, accompagnés, une fois de plus, par notre ami multi-instrumentiste Matthieu, l'une des grandes rencontres de ce séjour. S'est également joint à nous, une grande première,  Claude "M.K", un retraité dionysien qui a débuté l'apprentissage du violon au conservatoire il y a tout juste quelques mois. Le théâtre des Lébérous 2006 lui aura donné l'occasion, et ce n'est pas rien, de vivre sa toute première expérience de musicien en groupe.Le séjour à Montrem aura été pour certains très fructueux en terme de rencontre, d'échanges et de créativité. A tel point que pour conclure ce séjour, nous avons préparé, avec le concours de quelques retraités très impliqués, une veillée "expression" où chacun a pu mettre en scène, pour et avec les autres, ses propres créations et autres compétences artistiques.Musiques préparées ou improvisées, chansons, poésies, sketches, en solo, en duo ou en groupe, se sont enchainés durant près de trois heures dans la joie et la bonne humeur.














Les protagonistes de l'édition 2006 en pleine concertation
















De gauche à droite : Margot, Marianne, Denise, Marcelle et Nina














Boris, Philippe et Claude en pleine action, pour le grand final des Lébérous


La veillée "Expression"

Le séjour à Montrem aura été pour certains très fructueux en terme de rencontre, d'échanges et de créativité. A tel point que pour conclure ce séjour, nous avons préparé, avec le concours de quelques retraités très impliqués, une veillée "expression" où chacun a pu mettre en scène, pour et avec les autres, ses propres créations et autres compétences artistiques.

Musiques préparées ou improvisées, chansons, poésies, sketches, en solo, en duo ou en groupe, se sont enchainés durant près de trois heures dans la joie et la bonne humeur.












L'expression en musique ou en chanson

Ce type d'animation participative est très proche des rencontres "Musiques & Chansons" que nous organisons régulièrement dans les foyers résidences de personnes âgées à Saint-Denis.

Pour conclure, je dirai que le centre de vacances de Montrem est un "révélateur", un formidable lieu de ressources humaines au sens noble du terme, et enfin, un vaste terrain d'expérimentations en tout genre, en terme de pratiques sociales et culturelles. Ce qui se passe là bas en quelques jours trouve souvent un prolongement très actif sur Saint-Denis, dans la durée, à partir du vécu, des rencontres et des expériences communes à Montrem.


Cette fameuse veillée aura par exemple été le point de départ d'un projet intergénérationnel lié au slam (voir rubrique sur ce site
), piloté par les services animations enfance, jeunesse et retraités, dont Grand Corps Malade en personne pourrait bien être le parrain (Fabien Marsaud, pour l'anecdote, a été lui aussi animateur vacataire au centre de Montrem il y a quelques années !)

Rendez-vous donc pour l'édition 2007 du séjour retraités à Montrem, avec entre temps, qui sait, la parution d'un nouveau CD compilant quelques instantanés sonores de ce beau mois de septembre 2006 ?
Philippe Vallin
 


Contact :
Village vacances Saint-Denis
Pratz - 24110 Montrem
Tel : 05 53 54 60 53
Email : village.vacances.montrem@wanadoo.fr


Lundi 25 septembre 2006 1 25 /09 /Sep /2006 13:32
- Par Philippe Vallin
Bertrand Loreau - Passé composé (Dreaming 2002)

"Passé composé" est le cinquième album studio du clavieriste français Bertrand Loreau, série inaugurée en 1992 avec "Prière", son premier essai discographique produit et distribué par le label musea. Ce très sympathique opus de musique électronique mélodique reçut en son temps de bons échos dans la presse vouée au genre, la belle époque des fanzines "Oniric" et "Rubycon", malheureusement disparus aujourd’hui. Car ce disciple avoué de la Berlin school (et de ses deux grands initiateurs que sont Klaus Schulze et Tangerine Dream) ne s’est jamais contenté de reproduire des photocopies d’œuvres de ses maîtres, mais bien au contraire, de diversifier et d’enrichir son propos musical à la croisée de nombreux genres. Riche d’influences rock, jazz et classique, la musique de Bertrand Loreau se veut à la fois simple d’accès car très mélodique (ce qui peut ravir l’amateur de Vangelis ou de Mike Oldfield) tout en conservant un caractère improvisé, innovateur, voir expérimental de ci de là. Celle ci s’écoute en effet à toute heure, avec attention (car riche et évocatrice) ou détachement (car suffisamment doucereuse et planante pour se vivre en musique d’ambiance).

A l’instar de Jean-Luc Hervé Berthelot (alias Tales), Bertrand Loreau serait donc une sorte de garant d’une tradition musicale électronique issue des seventies (mais à la française), qui, sans révolutionner le genre, sait produire une musique passionnante et originale en évitant les pièges et écueils des trop nombreuses soupes New-age. Ce nouvel opus tombe à point nommé pour permettre au néophyte de découvrir l’univers musical si personnel, à la fois léger et complexe, de Bertrand Loreau. Car en effet, si "Passé composé " contient 100 % de nouveau matériel, il n’en est pas moins qu’une sorte de compilation d’anciens titres laissés de côté depuis la parution de son 1er album en 1992, réarrangés ici pour l’occasion. Pour ce faire, notre talentueux musicien s’est adjoint les services de son grand ami Olivier Briand (également crédités aux claviers) et du guitariste Lionel Palierne, qui agrémente certaines compositions de solos mélodiques bienvenus. A ce sujet, Bertrand gagnerait vraiment à l’avenir de s’entourer d’autres musiciens pour étoffer ses compositions et les rendre encore plus vivantes et dynamiques, au lieu de se contenter de ses seules boites à rythmes (fort bien utilisées cependant) et des sons d’usine de ses nombreux claviers. Mais ne boudons pas notre plaisir, l’ensemble se veut une nouvelle fois largement digne d’écoute et très réussi. Un disque en forme de bilan donc, qui on l’espère ne restera pas sans suite. Philippe Vallin

(Chronique parue en 2002 dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)


Interview Bertrand LOREAU
Propos recueillis par Philippe Vallin – KOID’9 N°46

Si l’œuvre du claviériste Bertrand Loreau ne s’inscrit pas vraiment dans le sillage de cette fameuse french touch qui rencontre un vif succès auprès des amateurs de la nouvelle scène électronique mondiale, celle-ci n’en demeure pas moins moderne et évolutive. La parution il y a quelques mois de "Passé composé", très bel album en forme de bilan (chroniqué dans le Koid’9 N° 43), est aujourd’hui l’occasion idéale de faire le point avec son géniteur sur l’ensemble de son œuvre et sur son parcours, mais aussi sur une démarche créative très personnelle et un regard, parfois sévère, porté sur les musiques électroniques d’hier et d’aujourd’hui. Voici donc pour vous une interview fleuve de cet artiste discret, sincère et passionné, qui au grès du temps et de l’expérience, à su se forger un style bien à lui, au delà des modes et des tendances. Je laisse donc la parole à Bertrand…


1 - Bertrand, peux tu nous dire quelques mots sur la genèse de "Passé composé", ton nouvel (et cinquième !) album studio ?

    Lorsque je me suis marié avec Luciana, nous avons emménagé dans un petit appartement, dans le centre ville de Nantes. Nous n'avions pas beaucoup de place et j'avais installé un minimum de matériel : l'ordinateur, un clavier, deux ou trois racks. Le déménagement m'avait fait tomber sur une disquette de fichiers midi de morceaux plus anciens que ceux qui se trouvent sur Prière, sorti en 1992. J'ai eu très envie de remixer quelques morceaux. J'ai, ainsi, réenregistré les morceaux qui sont devenus : "A Son is Born" et "A Daughter is Born". Le titre "A Son is Born" a été choisi parce qu'il me  donnait une occasion de faire référence à la naissance de mon premier enfant. Il fait, aussi, référence à une phrase qui est chantée dans le Messie de Haendel, une musique que j'ai beaucoup écoutée, bien avant que je fasse du synthé. Ce titre évoque une œuvre classique et "A Son is Born" a, je crois, une couleur de musique classique.
    Ainsi, après avoir réenregistré quelques morceaux, l'idée d'aller plus loin, de faire un nouveau disque, a germé. Je me suis dit que j'allais exploiter, davantage encore, le répertoire laissé de côté depuis plus de dix années. J'ai, alors, réécouté des bandes DAT des années 89-90-91-92 et j'y ai trouvé pas mal de choses intéressantes.

2- L’intégralité des morceaux présents sur ce disque sont d’anciennes compositions personnelles issues de la décennie 1989/1999. As tu entièrement rejoué et réenregistré l’ensemble de ces titres, ou ces derniers ont-ils juste fait l’objet d’un simple « lifting » de ta part, sous forme de remixage ?

    En fait il y a un peu tous les cas de figure ."Le Clos des Papillons" et "La leçon de musique" sont des enregistrements originaux. On peut le ressentir au niveau du grain du son. D'autres morceaux sont des enregistrements récents, faits à partir de fichiers midi anciens. Dans ces cas-là, j'ai rejoué certaines parties, certaines pistes. Il y aussi des morceaux, comme "Simulacre of Dream" qui ont été faits à partir de bandes Dat, sur lesquels de nouvelles parties de synthés ou de guitares ont été ajoutées, sur des pistes audio. Globalement cela a représenté pas mal de travail. Il faut noter qu'il y a, aussi, deux ou trois morceaux récents dans le disque.  

3 - Quelles ont été les contributions de Lionel Palierne et Olivier Briand, tous deux crédités à la réalisation de "passé composé" ? Peux tu nous parler un peu de ces deux musiciens et de votre collaboration ?

    Ces deux musiciens ont toujours été impliqués dans ce que j'ai produit. Nos amitiés sont si longues, qu'ils ont toujours eu une influence sur ce que j'ai fait. Lionel est la personne avec laquelle j'ai découvert les synthés. Il m'a vendu mon premier système : le MS20 Korg et le sequencer SQ10. Nous avons joué ensemble, enregistré quelques bandes et surtout réalisé des concerts de musique électronique. C'était au début des années 80. A cette époque-là, nous passions pour des originaux avec nos drôles de machines. Lionel jouait des claviers et de la guitare électrique.
On était, déjà, des passionnés. Nous connaissions Klaus Schulze et Tangerine Dream et au-delà de faire connaître notre propre musique, nous voulions faire découvrir les synthétiseurs et l'existence d'une nouvelle forme de musique, au public de la région de Nantes. A ce propos, l'enthousiasme pour la musique techno de la part d'un certain public, me fait tristement sourire. Je suis sûr  que la plupart de ces jeunes n'auraient pas eu d'intérêt pour la même musique électronique, il y a 20 ans, parce qu'ils se contentent de suivre des modes et l'influence des médias. La musique électronique aurait dû, pourtant, avoir un énorme succès, il y a 20 -25 ans, parce qu'à cette époque-là, c'était vraiment quelque chose de neuf, qui apportait une alternative au rock. Mais la vraie nouveauté fait peur. Aujourd'hui les sons électroniques et les sequencers sont partout, dans toutes les musiques, depuis 20 ans, et une certaine jeunesse déclare : "Ecoutez une nouvelle musique, la musique techno, la musique des jeunes, née en 1986 à Détroit !"... C'est difficile à supporter.
    Pour en revenir à Lionel, alors que nous avons toujours été proches, nous n'avions jamais rien enregistré de définitif ensemble. J'aime bien son jeu de guitare et à l'écoute de  certaines bandes, je me suis dit qu'il y avait moyen de le faire participer à mon nouveau disque. Je souhaitais qu'il ajoute des soli, dans l'esprit de ce que nous faisions ensemble, il y a 20 ans.
    J'ai rencontré Olivier au milieu des années 80. Plus jeune que moi, il avait une passion incroyable pour les machines électroniques. Olivier avait compris, plus tôt que moi, l'intérêt des samplers et lorsque je m'y suis mis, il m'a beaucoup apporté au niveau du son. Il possède, avec son père, une collection d'environ 500 instruments du monde entier et il a créé une banque personnelle d'échantillons d'instruments ethniques qui m'a parfois servi. Au début des années 90, Olivier a foncé sur la voie de l'informatique musicale. Au cours de la décennie 90, ses compétences informatiques, en mastering et logiciels audionumériques m'ont été très utiles. C'est grâce à lui que j'ai pu réaliser "Passé Composé", grâce a ses moyens audionumériques. J'ai été content, aussi, de le faire jouer dans "Simulacre of Dream". Il a apporté, a ce morceau, une grosseur de son que je n'arrive pas à produire. Il joue, également , dans KS impression, un solo très réussi.  

4 - Comment définirais-tu ton approche des sons électroniques ? Es-tu du genre à exploiter au maximum ceux dits "d’usines" de tes nombreux claviers, ou es-tu au contraire un insatiable bidouilleur, expérimentateur et créateur de nouveaux univers sonores ?

    Lorsque je me suis mis aux synthés, j'avais 22-23 ans, cela faisait longtemps que j'avais arrêté les cours de piano, qu'on m'avait imposé dans mon enfance. J'avais donc, comme seule  ambition, de jouer avec les sons, de bidouiller. J'avais suivi un cours universitaire d'électronique, et ma passion était principalement d'ordre technique. Les sequencers en particulier me fascinaient. Je passais donc des heures à tourner dans tous les sens les boutons de mon MS20 en essayant de m'approcher des timbres que j'entendais dans les disques de Schulze ou de T.D. Bien sûr, les chambres d'écho et les tables de mixage sont arrivés et m'incitaient à toujours, davantage, triturer les paramètres des machines. J'ai rêvé , longtemps,  d'avoir un Polymoog et lorsque j'en ai eu un, j'ai passé des journées a essayer de produire des sons inouïs. Sur le Polymoog, j'arrivais à produire un son de voix humaines assez extraordinaire pour l'époque (en mixant les différentes sorties, qui avaient la propriété d'interférer et de produire un son différent que le simple mélange des sorties).
    Mes connaissances en électronique ont fait que le DX7 me fascina, immédiatement.
J'ai donné des cours de programmation, sur Nantes, en 1985, sur cet instrument. La programmation des opérateurs ou des enveloppes, sur le DX7, m'a semblé extrêmement logique. Je n'ai jamais compris qu'on puisse trouver complexe cet instrument. La sensation qu'on pouvait atteindre des sonorités vraiment nouvelles, incitait à programmer énormément. J'ai créé des sons très personnels, je crois, sur le DX7.
    Lorsque j'ai enregistré mon premier disque, le sampler avait, déjà, fait une entrée fracassante dans mon studio. Ainsi, dans l'album "Prière", les sons de DX ne se remarquent pas tellement, parce qu'ils sont, assez souvent, au second plan.
    L'arrivée du sampler a calmé, énormément, mes envies de programmation. Progressivement j'ai eu accès à des banques de sons de plus en plus riches et j'ai réalisé qu'il était bien difficile, en samplant soi-même, d'obtenir des sons de la même qualité que ceux que réalisait mon ami Olivier ou que ceux qui circulaient librement.
    Aujourd'hui je bidouille encore, mais seulement au niveau de modifications simples des timbres. Par exemple, je modifie les enveloppes des sons ou je cherche des superpositions intéressantes. Le JP800 qui est un synthé analogique par modélisation me permet, aussi, de retrouver des sensations que j'ai eu sur le Minimoog, le Poly ou le Prophet 5.
   
5 - Depuis tes débuts en tant que musicien, ton studio personnel a dû connaître bon nombre d’évolutions, voire de transformations (époque des claviers analogiques, entrée dans l’ère numérique etc…). Avec quel type de matériel travailles-tu aujourd’hui, et qu’est-ce que le développement des technologies musicales a pu apporter à ta manière de composer et d’enregistrer ?

    Les instruments dont j'ai parlé précédemment caractérisent les évolutions de mon home-studio. Le MS20, le Polymoog, le DX7, le S550 Roland sont les instruments qui m'ont permis d'évoluer. J'ai eu beaucoup d'autres instruments, comme le Prophet 5, le D50, le JV80, le Yamaha MSX ordinateur musical, le SH101 et son sequencer MC202, mais ils ne m'ont pas apporté beaucoup. Il n'y a qu'un instrument que je regrette de ne plus avoir et que j'ai beaucoup aimé ; c'est le Minimoog.
    Depuis longtemps ce qui m'intéresse, c'est la musicalité d'un instrument. Le DX7, pour cela, sera toujours un véritable instrument, parce qu'il est extraordinairement expressif. Le son qu'il produit est vraiment temps réel, ce qui n'est pas le cas d'un lecteur d'échantillon, qui lit un son qui est déjà mort. Le son y est vraiment dynamique parce que la vélocité peut agir sur n'importe quel opérateur qui module chaque fois, en temps réel, le porteur.
La brillance du son varie, d'une manière infiniment plus subtile, que ce que l'on obtient avec un simple filtre VCF. En fait, à ma connaissance, la synthèse FM est la seule technique qui permet d'approcher la finesse d'expression d'un instrument acoustique.
    Aujourd'hui j'ai un matériel qui devient obsolète mais qui me semble encore exploitable. Je peux faire beaucoup de choses avec mon sampler Akai et avec le JP8000 Roland. De temps en temps j'utilise mon TX802 ou le DX7-2, pour les sons qui caractérisent ma musique depuis longtemps : sons de séquences, de harpes, de guitares etc...
    Aujourd'hui la question que je me pose c'est celle du passage au tout informatique. Mon ami Olivier m'y incite beaucoup mais je ne suis pas encore totalement convaincu, même si certains synthés virtuels sont impressionnants. C'est en terme de musicalité et de communion avec les instruments que je m'inquiète. En gagnant sur le plan technique, j'ai peur de perdre beaucoup au niveau émotionnel, et la musique passe d'abord, pour moi, par des émotions.
   
6 - Ta musique est riche d’éléments empruntés au Jazz et au classique. Aurais-tu en perspective d’intégrer un jour divers instruments acoustiques, voire, même, pourquoi pas de travailler avec un véritable orchestre ? Ou le tout électronique correspond il à un choix immuable de ta part ?

    Depuis quelques années, on me dit assez régulièrement, que tel ou tel morceau se prêterait bien à  l'intégration d'un ou de plusieurs instruments acoustiques. Je pense que c'est une idée intéressante, effectivement.
    J'aurais aimé, plusieurs fois, faire jouer un vrai violoniste ou un vrai clarinettiste mais j'ai rencontré des difficultés. Lorsque j'ai affaire à un musicien d'assez haut niveau ,il me dit qu'il faudrait modifier la partition, de telle ou telle manière, pour que cela donne une  partie plus intéressante à jouer, avec davantage de virtuosité, par exemple, et lorsque je rencontre un musicien amateur, il me dit : "Je crains de ne pas être capable de jouer assez juste". C'est vrai , aussi, qu'il y a un vrai risque à travailler avec des musiciens classiques ; j'ai l'honnêteté de reconnaître que cela peut révéler la faiblesse de la composition à certains moments.
    Ce que je retiens, aujourd'hui, c'est que mes musiques sont enregistrées et qu'il sera toujours possible d'éditer des partitions. J'espère, qu'un jour viendra, ou des gens me feront des propositions pour arranger ou interpréter ces musiques.

7 - Quelles ont été les influences majeures de Bertrand Loreau à ses débuts et celles d’aujourd’hui ?

    Je viens d'une famille où la musique classique est très présente. J'ai des frères et sœurs qui jouent du violon, de la clarinette et du piano. J'ai délaissé la musique classique, cependant, pendant de nombreuses années. Je ne sais pas trop pourquoi, mais dès l'âge de 7 ou 8 ans, j'ai été très sensible aux sons électroniques, parce que je comprenais qu'ils n'étaient pas produits par les instruments dont on me parlait à la maison. J'avais l'impression qu'on me cachait quelque chose. Le grand choc de ma vie a été Pink Floyd et le disque Meddle. Je me demandais comment ils faisaient le vent dans "A Pillow of Winds" et les chants d'oiseaux au milieu de "Echoes". J'avais 13 ans, mes copains écoutaient de la variété ou les Beatles, je me sentais déjà différent. L'autre choc s'est produit en 1977 avec le concert de Klaus Schulze. J'ai rêvé, durant des mois, d'avoir un Moog, de produire moi-même, ces sons incroyables : les nappes immenses, les séquences hypnotiques. Klaus Schulze est la seule vraie influence que j'ai eu pendant assez longtemps, sans doute parce que c'était une musique assez facile à imiter, en apparence. J'ai toujours eu de l'admiration pour Vangelis, également, mais, curieusement, je ne l'ai jamais beaucoup écouté. C'est inconsciemment et naturellement que je me suis rapproché, un peu, parfois, de son style.  

8 - Ta musique semble être la garante d’une sorte de tradition musicale électronique issue des années 70. Es-tu d’accord avec cette définition ?

    Je peux dire, simplement, que je considère que les meilleurs disques de musique électronique ont été produits entre 1975 et 1982. Quelques titres : Mirage, Dune, Ricochet, Stratosfear, China, Trans Europe Express, etc... Lorsque j'enregistre des musiques à base de séquences électroniques, c'est cette culture-là qui ressort. Mais je crois que le style, plus mélodique, qui me caractérise, qui n'est plus de la musique électronique, n'a pas beaucoup de références, je crois qu'il y a un style Bertrand Loreau. J'en profite pour dire que les journalistes ne savent trop comment parler de ma musique parce que j'oscille régulièrement entre la musique électronique influencée par les années 70-80 et une musique de sensibilité acoustique. Parfois je mélange les deux. J'espère, toutefois, qu'on retient l'émotion qui m'est propre. Le seule chose que j'ai toujours voulu faire, c'est communiquer des sentiments.
 
9 - Quel regard portes-tu sur les différents courants de la musique électronique contemporaine (culture techno, Ambient, trip-hop etc…) ? Et quels ont été les artistes de cette scène qui t’ont le plus marqué ces dernières années ?

    J'ai la passion de toutes les musiques. Depuis quelques années, je m'intéresse au jazz et aux compositeurs classiques du XXème siècle parce que j'y découvre des musiques vraiment nouvelles pour moi. Récemment j'ai craqué sur le saxophoniste Joshua Redman, cela n'aurait pas été possible il y a quelques années, je n'avais  pas, encore, l'esprit assez ouvert. J'ai toujours envie d'écouter de la musique électronique mais tout ce que j'entends me déçoit. La musique techno, en particulier, est basée sur des boucles, souvent samplées et montées à l'aide de logiciels genre Acid. J'entends le montage et la facilité du travail et surtout le manque de musicalité. J'entends des machines qui tournent en rond, les effets de filtre faciles qui font croire qu'il se passe quelque chose dans la musique lorsqu'il ne s'y passe rien. Muter le son de grosse caisse pour le remettre dix mesures plus loin n'est pas un acte de composition pour moi. J'entends, aussi, souvent, des musiques qui se terminent comme elles ont commencé, c'est le contraire de la composition. Je n'entends pas des artistes, je n'entends pas d'émotions. "Ricochet" de Tangerine Dream reste pour moi le must en terme de séquences mais la plupart des musiciens techno ne connaissent même pas ce disque. Il a été dit : "l'art est l'enfant de l'intelligence et du sentiment". Dans le domaine de la techno, je n'entends aucune de ces deux composantes. Je dois reconnaître, cependant,  qu'on ne m'a pas fait entendre, peut-être, les bons artistes. Dans ce domaine, la forêt cache l'arbre, certainement. Je ne demande, donc, qu'à être aidé.

10- Sur quel type de projet travailles-tu en ce moment ? Un nouvel album serait-il en préparation ?
   
    J'ai trois nouveaux morceaux pour un nouveau disque mais il me faudra beaucoup de temps parce que mes deux enfants sont petits et je veux être un père présent. Je continue dans ma démarche de musique d'influence classique avec des sons de clarinette, de flûte, de hautbois parce que c'est ce qui me semble le plus difficile. J'ai toujours envie d'aller vers ce qui est difficile, pour moi, et ce qui est de plus en plus de la musique, tout simplement. Les effets synthétiques, la musique de climat, les séquences répétitives m'ennuient aujourd'hui. La musique est de plus en plus, pour moi, de l'harmonie, de la mélodie et du rythme. Je suis tenté de dire que tout le reste est de la pseudo philosophie qui ne peut tromper que les gens qui manquent de références musicales.
    J'ai un autre projet qui peut paraître mégalo c'est de réaliser un best-of. Simplement pour faire le plus beau disque possible. Parce que je voudrais avoir un CD a donner aux personnes qui ne me connaissent pas encore. (Il y en a beaucoup !) Ainsi, je veux, aussi, montrer toute la cohérence de mon discours musical.  

11 - Aurons nous un jour l’opportunité de te revoir remonter sur scène ?

    J'ai toujours eu beaucoup de plaisir à monter sur scène. C'est toujours un moment magique. Il y a eu une époque, cependant, où je n'ai plus voulu jouer sur scène parce que je trouvais malhonnête d'utiliser des ordinateurs et d'avoir 90% de la musique préenregistrées.     Aujourd'hui je pense un peu différemment parce que je me sentirais, moins, obligé de faire quelque chose de parfait sur scène. Je saurais me réserver des moments d'improvisations et des moments plus programmés. Ainsi, aujourd'hui, il m'arrive de rêver à l'idée de refaire des concerts. Peut-être, aussi, parce que l'envie de graver la musique sur CD a été assouvie. D'ici deux ou trois ans, si je produis un nouveau disque - parce que mes enfants me laisseront peut-être un peu plus de temps -, on  me reverra peut-être sur quelques planches.

12 - Un grand merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à mes quelques questions !

Discographie :

-    « Prière » (1992)
-    « Pays blanc » (1994)
-    « Patchwork Music » (1995 – en collaboration)
-    « Sur le chemin » (1996)
-    « Jericoacoara » (1998)
-    « Passé composé » (2002)

Dimanche 24 septembre 2006 7 24 /09 /Sep /2006 15:07
- Par Philippe Vallin
Porcupine Tree - Lightbulb sun (K-Scope 2000)

Porcupine Tree poursuit tranquillement son bonhomme de chemin en affirmant son style d’album en album, à savoir un parfait compromis musical entre pop-songs sophistiquées de très haute volée et compos plus fouillées, plus ambitieuses. "Lightbulb sun" s’inscrit donc dans la droite continuité de "Stupid dream", son magnifique prédécesseur, tout en étant à la fois plus harmonieux et maitrisé que son devancier, moins surfait et surproduit également. En effet, l'album gagne en assurance et en cohérence ce qu’il perd en spectaculaire (et encore que !), plus simple et plus direct dans sa forme et son contenu. On a l’impression, avec ce nouvel opus, que Porcupine Tree atteint véritablement l’état de grâce, qu'il est au sommet de son art.

Les chansons pop ne représentent en aucuns cas un handicap pour la bonne tenue de l'oeuvre, loin d’atténuer en effet l’impact des titres plus consistants, qui se situent, on l’aura aisément deviné, dans la deuxième moitié du disque. La qualité et le bon goût sont ici constants du début à la fin. Mélodiquement parlant, cet album regorge de petites perles à déguster sans modération. Rien à jeter, hormis peut-être le 1er single "Four chords that made a million", un peu trop basique, au refrain quelques peu simpliste et répétitif, mais assurément efficace quand il est joué en live. Concernant le reste, des titres de la trempe de "Shesmovedon", "The rest will flow", "where we would be" ou "Feel so low" (ce dernier agrémenté d’un magnifique quatuor à cordes), font véritablement mouche en titillant nos papilles émotionnelles. Un album entier de pop-songs de cette qualité n’aurait pas à rougir de lui même chez Porcupine Tree tant l’ensemble est superbe ! Surprise également que ce très court et hyper-intimiste "How is your life today", ballade triste et légère, dominée par le piano et le dulcimer, et dont les chœurs magnifiques nous replongent dans l'ambiance du "Atom heart mother" de Pink Floyd. Un pur moment de bonheur confondant de simplicité, complètement anachronique, mais vraiment délicieux.

L’amateur du Porcupine Tree "progressif" aura deux titres à la hauteur (longueur ?) de ses égigeances à se mettre sous la dent. Tout d’abord avec "Hate song", morceau sublimissime qui démarre façon Jansen/Barbieri (rythmique et chant tout à fait caractéristique, ce titre aurait pu aisément trouver sa place sur "ISM", leur dernier opus), pour finalement monter en puissance et en intensité, avec un chant réellement bouleversant de Steve Wilson soutenu par d’amples et magnifiques nappes de mellotron. Et quant à "Russia on ice", il représente à mon avis, du haut de ses 13 minutes de pur bonheur, la quintessence de l’œuvre du groupe anglais. Quelques notes de piano électrique, et déjà la magie opère. On se croirait presque dans le "Rêve" de Vangelis, issu de son célèbre "Opéra sauvage" ! La suite est quant à elle toute droite sortie d’un "Dark side of the moon" ou d'un quelconque chef-d'oeuvre du même acabit. Rythmique lente et obsédante, guitares planantes, basse profonde et hypnotique, orgue Hammond : on baigne à fond dans l’univers des Floyd, qui, soit dit en passant, n’écriront plus jamais rien d’un tel niveau musical et émotionnel. Le morceau décolle ensuite complètement dans sa seconde partie, qui n’est pas sans rappeler le monolithique "Plague of ghost" de l’ami écossais Fish, avec son groove imposant et ses effets de guitare Wah-wah. Puis le titre se conclue dans un final apocalyptique digne du "King" de Marillion. "Russia on ice", c'est bourré de références, et c'est la baffe !

Pour conclure, voilà bel et bien l’album qu’il fallait à Porcupine Tree pour s’offrir les faveurs d’un plus large public et accéder enfin à une notoriété tant méritée. Reste à savoir si la promo du disque suffira à toucher le public potentiel, ce qui est malheureusement loin d'être gagné. Quand je pense qu'il suffirait de passer "Shesmovedon" en boucle sur la FM afin que Porcupine Tree affiche complet au Zénith ! Philippe Vallin

(Chronique parue dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)

Dimanche 24 septembre 2006 7 24 /09 /Sep /2006 12:37
- Par Philippe Vallin
Porcupine Tree - Stupid dream (Kscope 1999)

Il fallait s'y attendre, le "rêve stupide" de Porcupine Tree nous entraîne vers un monde onirique plus pop que prog. Cette orientation avait déjà été quelque peu amorcée avec l'excellent et éclectique "Signify", dernier album studio en date. Mais Porcupine Tree a-t-il seulement un jour été un groupe "progressif" au sens stylistique ? Personnellement, je ne crois pas. Cette formation hybride n'a jamais revendiqué la moindre étiquette, ni même une quelconque appartenance à un genre précis, et son propos musical s'est toujours envolé vers des horizons différents: le psychédélisme (dès le 1er album), le rock planant ("The sky", proche du meilleur Pink Floyd), la pop ("Signify" et ses titres plus carrés), voir même la new-wave et l'ambient-techno (le glacial et très transe "Up the downstair").

La bande à Steve Wilson poursuit simplement son bonhomme de chemin, se moquant des étiquettes qu’on lui colle un peu partout. Elle fait aujourd'hui une escale dans la pop de qualité avant de redécoller vers on ne sait où. Mais venons en au contenu proprement dit de ce nouveau CD : niveau mélodique, c'est la classe, rien ou presque à ajouter avec des titres comme "piano lessons" (1er single), "pure narcotic" ou "stranger by the minute". C'est bien foutu, très british dans le son et l’ambiance, et enfin calibré radio à 100 %, la qualité en plus. L'amateur de musiques plus aventureuses s'attardera peut être davantage sur les 6 minutes bien déjantées d'un "tinto brass", bourré d'effet sonores en tout genre et sujet à de multiples rebondissements, ou encore sur le magnifique "don't hate me", superbe complainte désespérée sur laquelle le chant de Wilson prend une dimension toute particulière. Ce titre contient également une partie instrumentale centrale digne du meilleur Gong, avec glissando de guitare façon Daevid Allen, accompagné d'un solo de saxophone signé Théo Travis, ici clone de Didier Malherbe. Magnifique trip !

On trouvera également, dans la série des grands moments du disque, deux superbes ballades atmosphériques dont seul Porcupine Tree a le secret ("a smart kid" et "stop swimming"), ainsi qu'un titre d'ouverture fabuleux ("even less"), futur classique du groupe où Steve Wilson riff comme un damné sur des textures planantes signées Richard Barbieri, le maître des claviers atmosphériques.  Pour le fan absolu, il faut savoir qu'une version longue de 20 minutes de ce même titre doit sortir sous peu en CD via internet. Quelques autres morceaux que ne renierait pas un Radiohead valent également le détour ("slave called shiver", "this is no rehearsal"), rien à jeter donc sur cet excellent nouvel album qui veut ratisser large. Mais rassurez vous, si la démarche est la même, "Stupid dream" est mille fois plus réussi que le "Radiation" de Marillion, autre cousin affranchi de l'étiquette "prog", qui voudrait, lui aussi, être reconnu pour ce qu'il est : un authentique groupe de rock évolutif. Philippe Vallin

(Chronique parue en 1999 dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)




Le pressage d'origine étant épuisé, "Stupid dream" est longtemps resté indisponible, ou vendu à des prix prohibitifs sur le net. Heureusement pour les retardataires, l'album vient enfin d'être réédité chez Snapper, totalement relooké, et à un tarif on ne peut plus raisonnable. Cette version "de luxe" contient l'album sur support CD entièrement remastérisé, ainsi qu'un DVD contenant l'oeuvre remixée en 5.1 surround et dts, avis aux fans équipés d'un home-cinéma. Sur cette seconde galette, vous trouverez également une version longue (en audio) du titre "Even less", une vidéo promo de "Piano lessons, ainsi qu'une (dispensable) gallerie de photos. L'objet est donc un must pour tout ceux qui avaient fait l'impasse sur l'édition précédente. Pour les autres, il n'apporte pas grand chose, à moins d'être collectionneur.

Disponible sur www.burningshed.com


Vendredi 22 septembre 2006 5 22 /09 /Sep /2006 12:06
- Par Philippe Vallin
Porcupine Tree - Stars dies (Delirium records 2002)

Comme tout le monde le sait, le futur album de Porcupine Tree sortira très prochainement chez une major (atlantic). Alors, bonne ou mauvaise nouvelle ? Steve Wilson et sa bande, récemment amputée de Chris Maitland, son formidable batteur qui a quitté le navire pour des raisons qui ne regardent que lui, vont-ils vendre leur âme au démon de la seule et unique rentabilité commerciale ?  Pour ma part, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une démarche bassement opportuniste du mentor Steve Wilson, et je reste confiant quant à l’intégrité artistique du groupe qui n’a jamais faillie durant ses 12 années d’existence. Cette période d’intense activité aura vu en effet la production d’albums tous plus étonnants, magnifiques, et enthousiasmants les uns que les autres. Je mettrai juste de côté "On the Sunday of life", œuvre de jeunesse à la touchante immaturité, et sorte de démo, de gentil précurseur aux merveilles à venir.

Une ère s’achève donc, et une nouvelle  commence, la plus radieuse possible on l’espère. Il était donc temps pour Porcupine Tree de tirer un bilan de sa première décade d’existence, et plus exactement ici de sa période chez delirium records, s’étalant de l’année 1991 à 1997. Celui ci voit donc le jour sous la forme d’un double CD rétrospective en édition limitée, présenté dans un magnifique coffret cartonné au design classieux digne d’un collector de Pink Floyd, et agrémenté d’un livret d’une trentaine de pages superbement illustrées, retraçant la biographie complète du groupe à partir d’interviews diverses. Le contenu musical de cette double galette nous propose une sélection des meilleurs morceaux des cinq premiers albums studio, ainsi qu’une flopée de titres inédits, de versions single et autres remix de morceaux déjà connus, tels que les monolithiques "Up the downstair" ou "The sound of no one listening". Côté 100 % pure découverte, cette édition inclut en effet de vraies "fausses nouvelles compos" telles que le nerveux "Men of wood" (et sa rythmique binaire chère à la new wave des années 80), l’acoustique et serein  "Phantoms", ou encore "Signify II", moins hargneux et métallique que son modèle d’origine, moins bon aussi, mais tout n’est ici qu’une affaire de goût. Bref, de quoi convaincre le dernier fan réticent, contemplant de manière à la fois interrogative et baveuse la dite pièce culte sur l’étalage de son disquaire préféré !

Toujours aussi perfectionniste comme le veut sa légende, Steve Wilson a supervisé lui même le remixage et la remasterisation de la plupart des titres qui gagnent une réelle profondeur et un nouvel éclat au niveau du son. Certain défauts majeurs ont ainsi pu être éliminés, telle que cette désagréable saturation des basses faisant défaut à la deuxième partie du psychédélique et technoïde "Voyage 34 phase one". Bref, du travail d’orfèvre comme on l’aime chez Porcupine Tree. Avec "Star die", le groupe anglais offre à ses fans et aux autres la compilation ultime, le prototype même du best-of intelligent qui saura pleinement satisfaire aussi bien le néophyte que le collectionneur compulsif ! Avec comme preuve un tel respect pour son public, je ne vois pas en quoi ce dernier pourrait craindre de son groupe préféré une trahison dans les années à venir. Seule la traversée de "l’Atlantic" nous le dira !* Philippe Vallin

(Chronique parue dans le magazine Koid'9, Rock & Progressif)

*Et le verdict fut sans appel : avec "In Absentia" puis "Deadwing" un peu plus tard, Porcupine Tree produira en effet deux albums parmis ses tous meilleurs ! Un autre est en préparation pour début 2007, et les quelques larges extraits entendus lors de la tournée européenne  en cours laissent présager une nouvelle merveille.


Vendredi 22 septembre 2006 5 22 /09 /Sep /2006 11:35
- Par Philippe Vallin
Porcupine Tree - Metanoia (Delirium records 2001)

Voilà un disque d'inedits de Porcupine Tree qu’il serait vraiment dommage de manquer, plus encore que la double compilation "Stars Die : The Delirium Years" parue en mars 2001, et qui, elle aussi, comporte son lot de bonus intéressant. Avec "Metanoia", c’est du 100 % nouveau matériel que le groupe de Steve Wilson nous propose, tout au moins pour ceux qui ont jeté ou vendu leur vieille platine vinyle à la brocante. Car en effet, la musique de cet album au titre tout droit sorti d’un film de SF des années 50, a déjà été éditée en 1998 sous la forme d’un double 33 tours, avec un pressage de 1000 copies seulement. Cette première édition limitée, un collector destiné aux inconditionnels du groupe, vient de renaître à nouveau mais cette fois ci sous la forme d’un CD simple agrémenté de 2 titres bonus.

Mais de quoi s’agit il justement ? Mais enfin c'est quoi cette zique ? Quelques éclaircissements s'imposent : "Metanoia" n’est pas  recueil d’anciennes compositions, mais un album qui regroupe des improvisations entièrement instrumentales, enregistrées en 1995 par les 4 musiciens anglais, et ce au cours des sessions d’enregistrement de "Signify" (que beaucoup d'amateurs considèrent comme étant l’œuvre la plus aboutie de toute leur discographie). Rassurez vous, « Metanoia » n’a strictement rien à voir avec les expérimentations live hermétiques d’un King Crimson telles que celles immortalisées sur l’indigeste « Thrakattak », même si quelques passages sont, je vous l’accorde, plus barrés que d’autres. Là ou le roi cramoisi fait dans le tout cérébral, provoquant le plus souvent chez l’auditeur ennui, allergie ou indifférence, l’arbre du Porc-épic ose le feeling, et ça marche plutôt bien ! On retrouve dans ces jam sessions tout ce qui constitue le style et le charme si particulier de Porcupine Tree : passages planants, rythmes lancinants, basse ronde et hypnotique, ambiances floydiennes, structure des morceaux qui monte en puissance...

Steve Wilson, une fois n’est pas coutume, fait une belle démonstration de l’étendue de son talent, développant tout au long des 65 minutes de l’album une incroyable palette de styles, de jeux et de sons de guitares différents (on pense très fort à Robert Fripp à l’écoute de "Mesmer II"), tantôt rageur, tantôt aléatoire, tantôt éthéré, souvent lumineux. Les musiciens délivrent leur gig avec brio, au top de leur niveau et de leur potentiel créatif. On sent qu’ils se lâchent complètement durant ces sets en prise directe, laissant libre cours à leur imagination débordante, affranchis ici du carcan et des impératifs perfectionnistes liées à l’écriture et à la production d’un nouvel album studio. Et quel feeling ! Cette liberté de jeu confère d’ailleurs à "Metanoia" un petit côté Jazz-rock psychédélique vraiment pas dégueux qui ravira les amateurs du genre. Ceux par contre qui n’apprécient que les versants pop et mélodique du groupe pourront passer leur chemin. Mais est ce que ce profil de fan existe seulement sur cette terre ? De plus, même s’ils sont formellement assez éloignés l’un de l’autre, "Signify" et "Metanoia" sont nés ensemble et ça s'entend. Le second est tout sauf un brouillon du premier. La récréation bienvenue de musicos en plein travail ? Dans ce cas, je leur conseille de continuer à buller de temps à autre en studio ! Philippe Vallin


 
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