Un slam pour la Journée de la Femme
Femme, on te dit née de la côte d’Adam
Toi qui enfante, comme c’est un rien paradoxal
Femme incarnée, prédestinée à mille tourments
Toi qui déchante, en ce monde régenté par le mâle
Femme qui dès l’origine a seule été rendue coupable
De plonger dans l’abîme cette terre promise aux hommes
Femme orpheline, perdue, mais malgré tout responsable
Des famines, des guerres, des misères, et tout ça… pour une pomme
Femme, pour couvrir ta honte, de force on t’a encapuchonnée
Prends garde à toi si tu te montres, ou pire, si tu te dévoiles
Femme, tu n’as pas à rougir des tontes que l’on t’a infligées
Car ceux qui t’ont fait ça sont des lâches qui transpirent l’immoral
Femme, tu n’aurais donc jamais été créée à l’image de dieu ?
C’est vrai, tu n’es pas assez virile et sûrement pas assez forte
On t’a pourtant brûlée vive, au bûcher, en ces âges ténébreux
Qu’inspires-tu donc aux vils, pour qu’ils te traitent de la sorte ?
Oui femme, ce roi mâle qui croit te dominer te craint
Ou tu n’aurais point tant souffert de la main de l’homme
Un être aux lois brutales qui se voit tel un magicien
Il te change en sorcière, et tout ça… pour une pomme
Femme, les jets de pierres ne t’ont pas encore terrassée
Pas plus que l’injustice que tu dois affronter chaque jour
Tu restes là devant, debout et fière, pas si facile à dresser
Malgré les supplices, les brimades et les peines sans recours
Oui Femme, tu es bien plus robuste que tu sembles en avoir l’air
La force ne s’exprime pas qu’à travers la charpente et les coups
Ta flamme, celle qui te tient, tu ne la dois qu’à ton illustre caractère
Femme qui trime, qui remonte la pente pour ne plus tomber à genoux
Femme, je t’aime quand seule tu bannis les signes de ta soumission
Et quand tu affirmes ton désir d’égalité à la face de tous les hommes
Femme, que je te hais quand toi-même tu prônes la misogyne excision
Que tu te complais dans ta piètre condition, et tout ça… pour une pomme
Femme, objet de désir et de plaisir qui déchaîne les passions
Le mâle fait de toi une sainte quand chaste, il veut te préserver
Mais les autres, il pourra les salir, sans peine, avec délectation
Qu’importeront leurs plaintes, ces pétasses l’auront bien mérité
Femme, tu n’es plus une esclave, il serait grand temps de le clamer
L’histoire a fait de toi une guerrière qui s’est muée en souveraine
Oui femme, finies les enclaves, le règne du mâle est maintenant terminé
J’ai l’espoir qu’ici bas sur Terre, s’envolent enfin les nuées de tes peines
Femme, ne rêve pas de puissance, mais d’une vraie et juste équité
Ne commet donc pas les folies furieuses de ton alter-chromosome
Femme, utilise ton essence pour une plus belle et auguste humanité
Tu n’es plus celle que ce dieu humilie, et tout ça… pour une pomme
Mais pourquoi tant de larcins causés par ce fruit si chèrement défendu ?
Dieu serait-il aussi avare et capricieux malgré l’infini de son royaume ?
Femme, tu aurais du recracher les pépins, et éviter ces coups tordus
Tous ces déboires pour un si petit creux, oui, tout ça pour une pomme !
Philippe Vallin
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