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Ce blog est consacré à mes activités d'animateur socioculturel à la ville de Saint-Denis (93), mais aussi de chroniqueur et de musicien amateur. Au fil de ces pages, vous pourrez suivre l'actualité de divers projets professionnels et autres initiatives que je pilote ou auxquels je suis associé : rencontres et événements culturels, concerts, scènes ouvertes, jumelages artistiques, etc. Quelques chroniques musicales seront également publiées selon les coups de coeur et l'inspiration. En bref, ce site est une petite fenêtre ouverte sur mon réseau de proximité, un espace d'information et de partage d'expériences. A bientôt ! PV.

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Dimanche 29 avril 2007 7 29 /04 /Avr /2007 13:01
- Par Philippe Vallin
Marillion - Somewhere else (Intact 2007)

La parution d'un nouvel album de Marillion est pour moi toujours un évènement de taille. J'ai découvert ce groupe anglais en 1989, lors de la parution de leur magnifique "Season's end", l'album qui marquait la rupture avec le géant écossais Fish, et qui voyait l'arrivée d'un tout nouveau chanteur prodigieux en la personne de Steve Hogarth. Depuis, année après année, je n'ai raté aucun de leur nouveau disque, et j'ai dû assister à la quasi-intégralité de leurs nombreux et généreux concerts parisiens. Pourquoi une telle dévotion me direz-vous ? Marillion est incontestablement mon groupe de rock préféré, car il synthétise tout ce que j'aime dans le genre : compositions ambitieuses et très émotionnelles, arrangements sophistiqués, mélodies imparables, atmosphères prenantes, et un chant à fleur de peau, tout simplement exceptionnel. Avec Marillion, la puissance ne se traduit pas qu'en termes de décibels, et en cela le groupe doit beaucoup à la personnalité et au talent de Steve Hogarth, qui aura entre autres contribué à éloigner le groupe des sentiers battus et des clichés du rock progressif. Même si aujourd'hui encore cette étiquette continue à coller à la peau d'un groupe qui n'a pourtant jamais cessé de se remettre en question et d'évoluer. Le "rock progressif" en tant que genre musical reste en effet figé dans les années 70, tout comme les nombreux artistes qui s'en revendiquent et qui continuent à le faire perdurer aujourd'hui comme ils le peuvent. A l'aube des années 80, la New-wave explose dans les clubs et sur les ondes radio mais les premières compos du jeune Marillion s'en démarquent pour reprendre le flambeau laissé tombé la décennie précédente par le Genesis conceptuel et symphonique de Peter Gabriel. Marillion réactualise en quelque-sorte, et avec un certains brio, la musique d'un âge révolu, faisant naître ainsi un genre nouveau que certains qualifieront de "néo-progressif" (dont les fers de lance seront aussi IQ, Pendragon, Pallas et quelques autres). Certains critiques de l'époque crieront au plagiat, d'autres au génie. Quoi qu'il en soit, le groupe atteindra très vite les sommets de sa popularité, et il rencontrera dès lors ses plus grands succès en termes de vente de disques et d'affluence dans les salles dans les salles. Avec l'éviction de Fish et l'intégration de Steve Hogarth, le groupe va prendre davantage de risques créatifs, sa musique va se moderniser dans le son et la production, même si pour cela quelques "dérives" commerciales ou artistiques seront occasionnellement nécessaires (en témoignent "Holidays in Eden" et plus tard , le bien terne "Radiation"). En effet, à l'aube des années 90, ce Marillion nouvelle formule se cherche à nouveau, et il va vite se trouver en se forgeant une personnalité sans faille. Si Marillion possède indéniablement sa propre identité et un son immédiatement reconnaissable, il réussit cependant à chaque fois le tour de force de ne jamais sortir deux albums qui se ressemblent. Mais pour la presse rock, le groupe anglais ne restera toujours qu'un groupe de rock prog, entendez par là "has-been" ou "ringard", alors qu'il est aussi évolutif et ancré dans l'air du temps qu'un Muse ou qu'un Radiohead, quant à eux encensés quoi qu'ils fassent par les mêmes chroniqueurs bien pensants !

Aujourd'hui, Marillion est toujours debout et en grande forme, et il nous livre avec "Somewhere else", superbement produit par le complice Michael Hunter, son 14ème album studio. Si le groupe en manque de reconnaissance médiatique existe encore après toutes ces années de labeur, c'est bel et bien grâce à un réseau de fans passionnés, bien organisés, très actifs à travers le monde, et qui génèrent une intense activité sur le web. Le groupe a lui aussi su tirer partie des avantages promotionnels offerts par la toile, en mettant en oeuvre par exemple des systèmes de souscription très efficaces pour la réalisation de ses albums, et en toute indépendance, ce qui lui permet par ailleurs de conserver une réelle intégrité artistique (je citerai ici l'excellent "Anoraknophobia" et le chef d'oeuvre "Marbles" version double CD). Trois ans séparent "Somewhere else" du monolithique "Marbles", auquel il était difficile de succéder tant la barre qualitative avait été placée haute par le groupe anglais. Ont-ils donc réussi le challenge avec leur nouveau bébé ?  Je tiens tout de suite à rassurer les fans qui n'auraient pas encore jeté une oreille attentive sur cette galette toute chaude, "Somewhere else" est un très bon cru de Marillion, ni plus ni moins. Si l'album se veut plus concis, plus direct (plus sombre aussi) que son illustre et incontournable prédécesseur, il n'en recèle pas moins son lot de perles et moments de bravoure dont seul Marillion a le secret. Quelques titres feront en effet date dans la carrière du groupe, comme ce sublime "Somewhere Else", son piano feutré, sa complainte déchirante haut perchée, ses guitares aériennes signées Steve Rothery et son final grandiose en apesanteur. Toute la quintessence de Marillion réunie en un seul morceau, proche de l'imagerie et de l'esprit de "Afraid of Sunlight" ! Mention spéciale également au puissant "The wound", titre qui démarre très rock avec des riffs de guitares plombés, et qui s'envole complètement dans une seconde partie électro et planante à souhait (un peu à la manière de celle du groovy "Quartz"), soutenue par une rythmique que ne renierait pas le Massive Attack des grands jours. Que dire aussi du lyrique et étincelant "The last century for man", qui devrait trouver une place de choix dans les concerts de Marillion en guise de fin de set. Pour le reste, si l'ensemble est, comme presque toujours, inégal, il n'y a rien à jeter non plus, pas même le basique, répétitif et entêtant "Most toys", un titre rock'n roll qui risque de faire hurler bon nombre d'amateurs au scandale, mais que pour ma part j'aime assez. L'album a aussi le mérite de démarrer et de se conclure de bien belle manière, avec tout d'abord "The Other Half" (qui n'est pas sans rappeler le classique "Gazpacho", final grandiose et mélodique en référence), puis avec l'exquis "Faith", petit délice acoustique tout en finesse et en sensibilité. Un peu à la manière du "Made again" de "Brave", cette jolie ballade permet à l'auditeur de s'évader du climat tragique au final, avec ces quelques petites notes d'optimisme bienvenu. Entre temps, vous pourrez vous délecter des plats de résistances présentés un peu plus haut, mais aussi apprécier les saveurs mélodiques de "Thank You Whoever You Are", l'ambiance désespérée de "A voice from the past", le climat doux et étrange de "No such thing" et, bien sûr, l'entêtant single "See it like a baby", qui mériterait toute sa place dans les charts aux côtés des U2 et autres Coldplay. Bien plus qu'un simple album de transition comme beaucoup le caractérisent, "Somewhere else" est un disque réussi et sincère, le meilleur moyen pour patienter en attendant la parution du prochain opus, d'ores et déjà prévu pour le printemps 2008 ! Philippe Vallin



Samedi 14 avril 2007 6 14 /04 /Avr /2007 12:37
- Par Luc Chatel
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Les oubliés du 20h

Grand Corps Malade - L'âme du slam


















Grand Corps Malade fut l'un des heureux gagnants des Victoires de la musique. Mais malgré son succès fou, il n'a pas déserté Saint-Denis où il continue à animer un atelier de slam

Saint-Denis, son Grand-Stade, sa Basilique et son roi Dagobert. En 1990, cette grande ville du 9-3 devient le centre d'un mini-séisme : Kool Shen et Joey Starr créent NTM, groupe culte d'un mouvement urbain contestataire venu des Etats-Unis, le hip-hop. Saint-Denis ouvre les yeux d'une France pépère sur ce qui deviendra le "problème des banlieues". Fabien Marsaud est adolescent. NTM, il écoute ça en boucle. Mais son truc, c'est le sport. Il devra y renoncer à la veille de ses 20 ans. Un accident bête dans une piscine : mauvais plongeon, mauvaise réception, paralysie partielle.

Une poignée d'émeutes et d'élections plus tard... Samedi 10 mars 2007. Fabien Marsaud a 29 ans. Ce soir, il monte sur scène. La salle n'est autre que le Zénith de Paris. France 2 est là, en direct. Drucker anime le show. Fabien s'avance en boitillant, le public se lève pour l'acclamer. Il vient de remporter deux Victoires de la musique : album révélation de l'année et artiste révélation-scène de l'année. Le "problème des banlieues", lui, n'est pas réglé. Alors il faut en parler, encore et encore, tenir le crachoir. Après la rage des rappeurs, la douceur des slameurs.

Fabien Marsaud, comme ses deux idoles (non exclusives : il raffole aussi de Brassens et Renaud), a pris trois initiales pour se présenter au public : G.C.M pour Grand Corps Malade. Son arme donc, c'est le slam, un genre qui vient de Chicago. Des mots, pas de musique, une prise de parole, brève, et on fait tourner. La star du slam en France, c'est lui. Silhouette de héros romantique (pensez à Boro, le reporter de Franck et Vautrin, sa grande stature et sa béquille), désarmante sérénité malgré le succès - son album fut parmi les dix meilleures ventes de 2006 tous genres confondus -, Grand Corps Malade trouve son son équilibre et son inspiration dans un jardin secret. Direction Saint-Denis.



Vieux, c'est pas un problème !


















L'atelier animé par Grand Corps Malade fait partie d'un dispositif mis en place par la ville de Saint-Denis il y a six ans, dont l'objectif est de renouveler le type d'animation proposé aux personnes âgées. Au coeur de ce dispositif, Philippe Vallin, coordinateur du service animation et vie sociale des retraités, musicien à ses heures. Embauché en 2000, il proposa d'impliquer les personnes âgées dans le choix et l'organisation de leurs activités. Ainsi furent créés un atelier multimédia à la résidence Croizat, et un atelier chanson, qui inspira l'atelier slam. Le succès est tel que les participants sont régulièrement sollicités pour accompagner d'autres évènements : une exposition au musée, un café culturel pour la journée des femmes, une session sur la santé organisée par les Petites Soeurs des pauvres...



PAPIER, CRAYON ET SYNOMYMES

















Tous les mercredi, un cercle d'amis qui lui est très cher se réunit. Le rendez-vous a lieu tantôt à la résidence Croizat pour personnes âgées, tantôt à la MJ (maison des jeunes). C'est là que depuis septembre, il anime, avec Emilie, une autre slameuse, des ateliers où viennent les plus de 60 ans et les moins de 30 ans. Une quinzaine de personnes environ. Marcello, Ruddy, Nicole, Henriette ou Axel se retrouvent deux heures autour d'une table. Le matériel : crayon, papier, et un dictionnaire des synomymes. Le type à la béquille, pour eux, c'est Fabien. Simplement. L'ami qu'on est allé voir à l'Olympia, auquel on a demandé une ou deux fois des autographes pour les proches. Mais eux, Marthe, Soraya et les autres, l'idée ne leur serait pas venue. Concentrons-nous plutôt sur l'exercice du jour. On forme deux groupes, on imagine un mini-scénario autour d'une action donnée. Dans le groupe de Fabien, c'est un chat qui s'échappe des bras de sa maîtresse et manque de se faire renverser par une voiture. Répartition des rôles : Soraya sera le chat, Christine la maîtresse, Fabien le conducteur de la voiture et Ruddy un passant qui sauvera le chat. Trois quarts d'heure plus tard, ils liront leur slam à quatre voix, avec cette touche très visuelle, séquencée, qu'apporte Grand Corps Malade à ses textes. La semaine précédente, il y avait un même thème pour tous, la France. Des extraitsde leurs textes seront sélectionnés par un autre slameur, D'de Kabbal, qui réalisera un CD pour la fin de l'année, avec des voix d'artistes connus. Le tout financé par la ville de Saint-Denis, qui a développé depuis quelques années un service hip-hop.

















Fabien Marsaud a pu quitter son métier, dans l'évènementiel sportif, il y a trois ans, grâce aux ateliers slam financés par Saint-Denis et d'autres villes de banlieue. Des ressources dont il n'a plus vraiment besoin. S'il fera tout pour continuer l'atelier inter-âges l'an prochain, c'est d'abord parce qu'il y trouve du plaisir. "Le succès m'a apporté beaucoup de choses, notamment la découverte d'un monde que j'ignorais, avec les plateaux télé, les gens qui t'écrivent, les fans qui t'adorent. Et au beau milieu de cette vie là, un peu irréelle, je trouve ça mortel d'aller dans une petite salle de MJ avec des jeunes et des vieux pour écrire ensemble." Là, il retrouve l'esprit du slam, l'échange de textes, le travail des mots, l'écoute. "Nous avons travaillé sur certains thèmes qui ont permis de profiter du croisement des générations, souligne Fabien. Je me souviens notamment d'un exercice où on leur demandait de fonctionner en binôme et d'écrire en se mettant à la place de l'autre : un jeune sur le thème "je vais t'apprendre la vie", et un retraité qui jouait le candide. Une autre fois, ils devaient utiliser le vocabulaire typique de l'autre génération : les retraités devaient utiliser "je te kiffe" ou "bédo" et les jeunes "fermer les quinquets" ou "gisquette"."

CHAUFFE MARCELLE !















Marcelle, 67 ans, participe à l'atelier depuis son début, en novembre 2006. Elle n'aime pas du tout le rap, mais fut séduite par Grand Corps Malade dès qu'une amie de la résidence Croizat le lui fit découvrir. "Il ne critique pas, reste positif, décrit bien ce qu'il voit autour de lui, il n'y a pas de brutalité dans ses textes" explique-t-elle. "Il y a une différence entre le rap, qui est pratiqué par des jeunes de moins de 30 ans, et le slam, qui est intergénérationnel, souligne Fabien. C'est sans doute pour cela qu'il est moins violent, moins revendicatif. Les thèmes s'en ressentent, ils sont plus larges". L'atelier a aussi permis à Marcelle de modifier son rapport à l'écrit. "J'aimais beaucoup écrire quand j'étais enfant, mais dans ma famille, il fallait d'abord penser à travailler pour gagner sa vie", raconte-t-elle. Marcelle devra laisser son envie de côté, quitter l'école à 14 ans pour entrer à l'usine, à Paris. Où elle restera jusqu'à sa retraite, en 1993. Depuis, elle s'est remise à écrire. "Mes textes étaient virulents. Grâce à l'atelier, je me suis assagie." L'écriture lui permet aussi d'occuper ses nuits d'insomnies. "Souvent je n'arrive pas à dormir, alors je m'installe devant la télé, je coupe le son, et j'écris pendant parfois trois ou quatre heures."

LITANIES URBAINES

Christine, elle, a découvert l'atelier en cherchant des informations sur Grand Corps Malade, par internet. A 32 ans, elle est l'aînée des jeunes. Elle travaille pour le conseil général du Val-de-Marne, où elle suit les dossiers de placement d'enfants. Depuis longtemps, elle tient un journal intime. Elle a constaté le même effet positif de l'atelier : "Dans un monde dur, il n'y a pas toujours de place pour l'expression des sentiments." Si l'écriture permet d'évacuer certaines choses personnelles, le slam sert aussi à raconter un environnement urbain où se mêlent humanité souriante et réalité sociale violente. Une réalité assez éloignée de celle qu'elle connut jusqu'à l'âge de 16 ans dans son île natale, la Nouvelle Calédonie. "Le slam m'a permis de me laisser plus facilement porter par le quotidien, commente Christine. J'essaie d'avoir toujours de quoi écrire avec moi pour noter des pensées, des observations. Le slam est très lié à la vie urbaine." Les textes de Grand Corps Malade en sont l'expression, avec, en tête, l'hymne à Saint-Denis : "J'voudrais faire un slam pour une grande dame que j'connais depuis tout petit / J'voudrais faire un slam pour celle qui voit ma vieille canne du lundi au samedi [...]  Si tu veux bouffer pour 3 fois rien, j'connais bien tous les petits coins un peu poisseux / On y retrouvera tous les vauriens, toute la jet-set des aristocrasseux / Le soir, y'a pas grand chose à faire, y'a pas grand chose d'ouvert / A part le cinéma du Stade, où les mecs viennent en bande : bienvenue à Caillera-Land / Ceux qui sont là rêvent de dire un jour "je pèse !" et connaissent mieux Kool Shen sous le nom de Bruno Lopez [...] St-Denis ville sans égal, St-Denis ma capitale, St-Denis ville peu banale.. où à Carrefour tu peux même acheter de la choucroute Hallal !"

















Grand Corps Malade a fait du Café Culturel de la ville, qui fut l'un des premiers lieux du slam en France, l'un des endroits de référence pour sortir le soir. Une fois par mois, il y anime une scène ouverte Slam'aleikoum. "Je ne voudrais pas vivre ailleurs qu'à Saint-Denis, reconnait-t-il. J'aime ce cadre urbain, j'ai besoin que ça grouille de monde autour de moi, j'ai besoin d'entendre du bruit, des gens." C'est là, dans son petit appartement de la place du Caquet, qu'il observe le coeur de la ville, ses cars de flics qui débarquent en pleine journée pour courir après un gamin qui vient de piquer un portable et traverse fièrement la place en saluant tous ses potes, ceinturé par trois malabars, et ces soirées où des groupes d'ados mettent à terre n'importe qui, homme ou femme, jeune ou vieux, pour le dépouiller violemment de quelques billets et bijoux. Ce qui le fait bien marrer en revanche, c'est le "Café de France", planté au beau milieu de la place, avec des fleurs de lys sur la vitrine et dont les patrons viennent du Maghreb. De son poste d'observation, il y a juste une chose qu'il n'avait pas vu venir aussi vite : ce succès fou couronné par deux Victoires de la musique. Sacrée blague pour un slameur qui, par définition, se contente de la musique des mots, et dont les victoires s'accumulent depuis déjà un bail : sur le handicap, sur les clichés liés à la banlieue et au hip-hop ou sur les discours ciblant une jeunesse menacante. Des victoires qui ne sont pas faites pour briller en public ou reposer sur un coin de cheminée, mais qui tiennent certainement chaud au coeur.


Luc Chatel
hebdomadaire TC - édition du 22 mars 2007
www.temoignagechretien.fr



www.grandcorpsmalade.com


Crédit photos (pour le blog seulement) : Aiman Saadellaoui, Laurence Thimothé, Boris Lelong, Marcel Vernière, Philippe Vallin
Article original version papier
: Jean-Michel Delage



Jeudi 5 avril 2007 4 05 /04 /Avr /2007 21:31
- Par Philippe Vallin
Les résidants et l'équipe
du foyer retraités Ambroise Croizat
Le service animation et vie sociale
des retraités de Saint-Denis
Et l'association SlaMelodie


Vous invitent à venir participer à une

 

Rencontre
"MUSIQUES, SLAM & CHANSONS"

Le Mercredi 18 avril 2007 à 15h
Résidence Ambroise Croizat
10, avenue Romain Rolland
93200 Saint-Denis

 

 

Une grande scène ouverte intergénérationelle où chacun est convié à venir chanter, "slammer", jouer d'un instrument, seul(e) ou accompagné(e), ou simplement partager un bon moment de convivialité, au fil d'un véritable concert improvisé tous ensemble ! N'hésitez donc pas à venir munis de vos répertoires de chansons, textes, poésies, et intruments de musique si vous en avez !

Animation :
Joon Claudio, Philippe Vallin, et les membres actifs de l'association SlaMelodie


ENTREE LIBRE


Pour plus d'informations concernant l'organisation de cet évènement, vous pouvez contacter l'association SlaMelodie à l'adresse suivante : slamelodie@gmail.com

Samedi 31 mars 2007 6 31 /03 /Mars /2007 19:19
- Par Philippe Vallin
John Vorus - Transmuting Current (Ambient Distillery 2006)




















John Vorus est un jeune et talentueux musicien américain, malheureusement complètement méconnu en France, un peu à l'image du style musical "ethnoambient" qu'il a lui-même commencé à explorer dans le courant des années 90, sous l'influence de ses compatriotes Steve Roach et Robert Rich. Ce long processus de maturation artistique se traduit enfin aujourd'hui par la réalisation d'un 1er album brillant en tout point, intitulé "Transmuting current". En effet, John Vorus est avant tout un joueur accompli de didgeridoo (la fameuse trompe traditionnelle aborigène), qui s'est longuement produit avec son seul instrument en Europe et aux Etats-Unis, à l'occasion de concerts ou de sessions d'enregistrement pour divers projets collectifs.

John fait donc ses débuts avec ce remarquable premier album dans l'univers passionnant de l'ethnoambient (ou "Tribal-ambient"), un genre musical à mille lieues des béatitudes planantes du "New-age", souvent très esthétique, et qui conjugue allègrement sonorités électroniques et acoustiques pour une immersion totale dans de vastes paysages intérieurs. L'actuel chef de file de ce mouvement prolifique et hyper créatif n'est autre que le californien Steve Roach, véritable institution du genre, géniteur d'une multitude de projets collaboratifs et d'albums solo dont certains feront date dans l'histoire des musiques électroniques. On peut situer ce genre musical né aux USA comme un prolongement de l'âge d'or des expérimentations cosmiques issues des années 70, avec l'émergence en Europe des pionniers conceptuels que sont Klaus Schulze, Tangerine Dream, Terry Riley, Brian Eno et quelques autres créateurs géniaux de mondes sonores inédits. Ce n'est pas un hasard si on retrouve Steve Roach crédité sur "Transmuting current" en tant que producteur et musicien. Le mixage et la (co)production seront donc signés par le maître dans son fameux "Timeroom studio" de Tucson en Arizona, où il aura fallu à notre méticuleux duo cinq jours non stop d’un travail marathonien pour aboutir au résultat sonore souhaité, et qui, je vous l'assure, vaut largement le détour et les efforts !

Un peu à la manière de Steve qui vit de manière "reculée" dans les vastes étendues arides du désert de Sonora en Arizona, John Vorus a choisi quant à lui de s'établir dans les paysages montagneux et grandioses de la Caroline du Nord, soit un autre contexte idéal pour ce genre d'approche et de méditation artistique. John associe la musique à la "vision" et la texture sonore à celle d'une image ou d'une couleur. Il conçoit ainsi le façonnage du son comme un art pictural que chacun peut matérialiser dans son propre esprit. Il résulte de ses créations une musique totalement organique et dénuée de support mélodique, qui laisse ainsi à chacun la liberté de vivre l'expérience et l'écoute à sa manière. "Transmuting current" se présente comme un long mix continue d'atmosphères électroacoustiques crées à partir de nappes synthétiques sous éther, de sonorités naturelles et de rythmes hypnotiques générés par des machines, percussions diverses, et bien sûr, par le son riche, caverneux, ancestral et délicieusement étrange du didgeridoo australien. L'ambiance générale de ce disque étonnant est plutôt nocturne, sombre, profonde, mais jamais oppressante. Elle nous plonge dans une atmosphère ancestrale, primitive, souvent humide, pour ne pas dire "aquatique". Pour apprécier pleinement le travail accompli sur les nuances et les ambiances sonores, je vous recommande l'usage d'un casque, à faible volume : effets trippants garantis !

Enfin, pour couronner le tout, l'objet est présenté dans un très classieux digipack avec slipcase cartonné, aussi beau à regarder que passionnant à écouter (notre musicien a aussi très bon goût en matière de graphisme, en témoigne son site web magnifique designé par Kevin Swope ). Plonger dans ce premier album de John Vorus est une expérience onirique aussi intense qu'insolite, qui de plus, si vous y êtes sensibles, vous ouvrira à de bien belles découvertes musicales. Car si le genre n'a plus rien à prouver outre atlantique, il à fait école aussi en Europe, où la scène "ambient" est aujourd'hui bien vivante, portée par ne nombreux et talentueux artistes tels qu'Alio Die, Vidna Obmana, Asmorod, Boris Lelong, Matthew Florianz, Max Corbacho ou encore Bruno Sanfilippo.

"Transmuting current" sera peut-être votre premier ticket offert pour un voyage onirique non stop à travers un monde sensoriel on ne peut plus évocateur et globalement mystérieux, qui vous le constaterez par vous même, se renouvelle à chaque écoute. Pour ma part, vivement le prochain opus, John ! Philippe Vallin



Dimanche 18 mars 2007 7 18 /03 /Mars /2007 11:37
- Par Philippe Vallin























Conférence Locale de Santé de Saint Denis

Du 20 mars au 5 avril, dans le cadre de la quatrième conférence locale de santé de Saint-Denis, des rencontres, des débats ainsi que des visites seront organisés par les acteurs locaux.

Quel rôle jouent la chanson et la musique dans notre vie, dans notre bien-être, dans notre équilibre ? Les musiciens de l'association Altamira et plusieurs retraités de Saint Denis tenteront d'apporter quelques éléments de réponse, en s'appuyant sur leur expérience partagée au cours du projet "La Mémoire en Chantant", une riche aventure culturelle qui aboutira à la publication cette année d'un disque-compact.


Mardi 3 Avril 2007 à 14h30
Maison de Quartier de la Plaine
120 avenue du Président Wilson
La Plaine - Saint Denis

Entrée libre - Ouvert à tous


En savoir plus sur la 4ème Conférence Locale de Santé :





Jeudi 8 mars 2007 4 08 /03 /Mars /2007 11:11
- Par Philippe Vallin
Un slam pour la Journée de la Femme























Femme, on te dit née de la côte d’Adam
Toi qui enfante, comme c’est un rien paradoxal
Femme incarnée, prédestinée à mille tourments
Toi qui déchante, en ce monde régenté par le mâle

Femme qui dès l’origine a seule été rendue coupable
De plonger dans l’abîme cette terre promise aux hommes
Femme orpheline, perdue, mais malgré tout responsable
Des famines, des guerres, des misères, et tout ça… pour une pomme

Femme, pour couvrir ta honte, de force on t’a encapuchonnée
Prends garde à toi si tu te montres, ou pire, si tu te dévoiles
Femme, tu n’as pas à rougir des tontes que l’on t’a infligées
Car ceux qui t’ont fait ça sont des lâches qui transpirent l’immoral

Femme, tu n’aurais donc jamais été créée à l’image de dieu ?
C’est vrai, tu n’es pas assez virile et sûrement pas assez forte
On t’a pourtant brûlée vive, au bûcher, en ces âges ténébreux
Qu’inspires-tu donc aux vils, pour qu’ils te traitent de la sorte ?

Oui femme, ce roi mâle qui croit te dominer te craint
Ou tu n’aurais point tant souffert de la main de l’homme
Un être aux lois brutales qui se voit tel un magicien
Il te change en sorcière, et tout ça… pour une pomme

Femme, les jets de pierres ne t’ont pas encore terrassée
Pas plus que l’injustice que tu dois affronter chaque jour
Tu restes là devant, debout et fière, pas si facile à dresser
Malgré les supplices, les brimades et les peines sans recours

Oui Femme, tu es bien plus robuste que tu sembles en avoir l’air
La force ne s’exprime pas qu’à travers la charpente et les coups
Ta flamme, celle qui te tient, tu ne la dois qu’à ton illustre caractère
Femme qui trime, qui remonte la pente pour ne plus tomber à genoux

Femme, je t’aime quand seule tu bannis les signes de ta soumission
Et quand tu affirmes ton désir d’égalité à la face de tous les hommes
Femme, que je te hais quand toi-même tu prônes la misogyne excision
Que tu te complais dans ta piètre condition, et tout ça… pour une pomme

Femme, objet de désir et de plaisir qui déchaîne les passions
Le mâle fait de toi une sainte quand chaste, il veut te préserver
Mais les autres, il pourra les salir, sans peine, avec délectation
Qu’importeront leurs plaintes, ces pétasses l’auront bien mérité

Femme, tu n’es plus une esclave, il serait grand temps de le clamer
L’histoire a fait de toi une guerrière qui s’est muée en souveraine
Oui femme, finies les enclaves, le règne du mâle est maintenant terminé
J’ai l’espoir qu’ici bas sur Terre, s’envolent enfin les nuées de tes peines

Femme, ne rêve pas de puissance, mais d’une vraie et juste équité
Ne commet donc pas les folies furieuses de ton alter-chromosome
Femme, utilise ton essence pour une plus belle et auguste humanité
Tu n’es plus celle que ce dieu humilie, et tout ça… pour une pomme

Mais pourquoi tant de larcins causés par ce fruit si chèrement défendu ?
Dieu serait-il aussi avare et capricieux malgré l’infini de son royaume ?
Femme, tu aurais du recracher les pépins, et éviter ces coups tordus
Tous ces déboires pour un si petit creux, oui, tout ça pour une pomme !


                                         Philippe Vallin


Vendredi 2 mars 2007 5 02 /03 /Mars /2007 14:35
- Par Philippe Vallin
SlaMelodie
une association placée sous le signe de la rencontre et de l'expression
















C'est officiel, je vous annonce la naissance d'un tout nouveau projet associatif dionysien, que nous avons baptisé "SlaMelodie". Cette association à but non lucratif et née dans le sillage et à la convergence de mes activités musicales avec Joon Claudio, de nos explorations tout terrain avec Boris Lelong et Altamira, et de la dynamique créée autour du projet "Générations Slam" avec Grand Corps Malade. Parmis les membres fondateurs et membres actifs de cette nouvelle association, on retrouve un bon nombre de retraités de Saint-Denis. Et n'est pas un hasard..

L'objet de l'association, tel qu'il est défini dans les statuts :

"L'association SlaMelodie a pour mission de favoriser l'expression et l'épanouissement créatif de tout public, grâce à la mise en oeuvre d'animations culturelles dédiées au partage convivial de la musique, de la chanson et de la poésie. Ces manifestations, qui incitent à la dynamique participative et à la rencontre intergénérationnelle, peuvent prendre vie dans divers contextes : résidences de personnes âgées, hôpitaux, salles de spectacle, médiathèques, maisons de quartier, écoles, centres de loisirs, lieux publics, etc."

Les activités de l'association :

- organisation de concerts, rencontres participatives autour de la chanson et de l'expression musicale,
- scènes ouvertes poétiques, littéraires, sessions slam,
- ateliers d'expression musicale, ateliers d'écriture,
- séances de lecture à voix haute, contes musicaux,
et toute action compatible avec l'objet de l'association

Pourquoi Altamira ?
Parce que l'association est partenaire du service animation et vie sociale des retraités (au sein duquel j'excerce mes fonctions d'animateur coordinateur) depuis maintenant plusieurs années. Il en a découlé de nombreux projets qui ont contribué à faire émerger et à valoriser l'expression des retraités et personnes âgées. Le point d'orgue a été dernièrement la réalisation du disque "La Mémoire en Chantant", dont l'édition et la distribution sont prévues courant 2007.

SlaMelodie poursuivra et développera, entre autres activités, les fameuses "Rencontres Musiques et Chansons", scènes ouvertes intergénérationnelles organisées, pour le moment, dans les seuls foyer retraités de la ville de Saint-Denis.


















Pourquoi "Générations Slam" ?
Parce que cet atelier d'écriture hebdomadaire a suscité de toute part des envies d'écrire, de se produire, de créer, de partager... Depuis novembre, quelques jeunes et personnes âgées de Saint-Denis participent ensemble et tout naturellement à diverses scènes sur la ville et alentours : les slam sessions mensuelles du Café Culturel à Saint-Denis, celles de la Tribu à Stains, le Printemps des Poètes au musée d'Art et d'Histoire, la 1ère partie de Slam Ô féminin dans la cadre de la journée de la Femme, etc.. SlaMelodie permettra à ses membres qui le souhaitent d'aller encore plus loin dans cette dynamique, en organisant par exemple leur propres scènes dans des endroits inhabituels et/ou en demande de ce genre de convivialité.

Enfin, pourquoi "SlaMelodie" ?
Pour l'anecdote, ce terme a précédé la création de l'association, puisque c'est ainsi que nous caractérisons avec Joon Claudio une toute nouvelle formule de composition, soit un mélange de slam (couplets déclamés) et de chanson (refrains chantés).

SlaMelodie est surtout née de notre volonté commune de partager nos créations et nos émotions avec d'autres, dans la cadre d'un projet rassembleur. Nous esperons vivement que l'association répondra aux attentes de ses membres actifs, qu'elle leur permettra de s'épanouir, de faire vivre leurs propres initiatives (déjà des pistes du côté de la lecture à voix haute !), et bien sûr, de monter de nouveaux projets ensemble. Enfin, nous sommes convaincus que l'association, de par ses objectifs, peut contribuer au bien être de populations fragilisées, telles que les personnes âgées en perte d'automonie. La vocation de SlaMelodie, si elle se veut artistique, est avant tout humaine et sociale.


















L'agenda de SlaMélodie :

Mercredi 18 avril à 15h - Résidence Ambroise CROIZAT
10, avenue Romain Rolland 93200 Saint-Denis
"Rencontre Musiques Slam & Chansons"
La grande 1ère de SlaMelodie avec le public ! Une animation intergénérationnelle où chacun est invité à jouer, chanter, déclamer un texte, ou simplement écouter et encourager les participants. N'hésitez donc pas à emmener vos instruments de musique, vos répertoires de chansons, et de poésies.
Entrée libre

Mercredi 30 mai à 15h - Maison de Retraite médicalisée
LE LAURIER NOBLE

1, rue du Docteur Delafontaine 93200 Saint-Denis
"Rencontre Musiques Slam & Chansons"

D'autres dates sont à venir...






















Contact :

Association SLAMELODIE
3, allée Jean Catelas
Logement N°240
93200 Saint-Denis

Tel : 06 63 27 33 79
Email : slamelodie@gmail.com
Samedi 24 février 2007 6 24 /02 /Fév /2007 00:50
- Par Philippe Vallin
Apéro slam avec Slam Ô Féminin
dans le cadre de la Journée de la Femme 2007

Jeudi 8 mars à partir de 19h
au Café Culturel de Saint-Denis





















Slam Ô Féminin présente un spectacle entre émotion poétique et phrasé hip-hop. Portraits, coups de coeurs, coups de gueule... Les thèmes questionnent la vie, le hasard, l'intime, le social et tout ce qui nous forge, personnellement et collectivement. Le coeur de cette recherche, ce sont les mots portés par le corps et la voix, parfois soutenus par la musique. Nos paroles, nos écrits, transmis au public dans toute leur variété, leur sensibilité, leur brutalité parfois. Nous offrons nos extraits de vie, nos émotions et notre foi en ces expressions qui font de nous une communauté humaine.

La 1ère partie de la soirée sera assurée par des slameuses et slameurs liés au projet Générations Slam.

Ainsi,
Christine, Marthe "La gaillète", Eliane, Marcelle, Féline, Ruddy, Marcello Corsetout, Fleur du Maroni, Loubaki, Henriette, Nicole et d'autres se succèderont au micro pour vous déclamer des textes spécialement écrits pour l'occasion.

Réservation indispensable au 01 48 20 40 62

Café Culturel - Arts & Rencontres
11, allée des six chapelles
93200 Saint-Denis
Métro Ligne 13 station Basilique, RER D, T1
http://cafeculturel.org/
Email : cafe.culturel2@orange.fr


Site web :
http://slamofeminin.free.fr/

Retrouvez Slam Ô Féminin sur Myspace :
http://www.myspace.com/slamfminin 


Vendredi 23 février 2007 5 23 /02 /Fév /2007 23:26
- Par Philippe Vallin
Radio France Bleu Ile de France offre son antenne à Générations Slam

 lundi 26 février entre 10h et 12h30






Quelques acteurs de ce projet dionysien seront interviewés en direct du Café Culturel de Saint-Denis, au micro du journaliste indépendant Willy Richert.

Celui-ci souhaite valoriser à travers son émission une initiative intergénérationnelle innovante et qui contribue à déstigmatiser l'image de la vie sociale en banlieue.

L'émission sera découpée en trois courtes séquences  :

10 h :  Entretien avec Yaya Bagayo et Philippe Vallin
Respectivement responsable du pôle hip-hop et coordinateur du service animation et vie sociale retraités pour la ville de St-Denis - Initiateurs du projet Générations Slam

11 h : Entretien avec Marcelle Courtellemont et Marcel Vernière
Retraités dionysiens membres de l'atelier d'écriture de Grand Corps Malade au SMJ de Saint-Denis

12 h 20 : Entretien avec Loubaki
Jeune slameur dionysien, membre de l'atelier d'écriture de Grand Corps Malade
Retrouvez Loubaki sur son myspace : www.myspace.com/loubaki


Radio France Bleu - Ile de France
107.1 fm

site web : www.radiofrance.fr


Photo : Aiman Saadellaoui


Dimanche 11 février 2007 7 11 /02 /Fév /2007 00:45
- Par Philippe Vallin
Ziskakan – Banjara (autoproduction 2006)

Ziskakan est une véritable institution à la Réunion. C’est l'une des formations musicales les plus populaire et respectée pour ses qualités artistiques, mais aussi, et surtout, pour son humanité à fleur de peau et son engagement citoyen jamais démenti. Dans le cœur des réunionnais, le groupe emmené par son leader charismatique Gilbert Pounia occupe une place toute singulière. Et cette histoire d’amour demeure intacte depuis maintenant plus de vingt-cinq années, période durant laquelle Ziskakan aura produit une dizaine d’albums, sous diverses formations et dans des contextes géographiques différents, de la Réunion à l’Inde en passant par le Sénégal. "Banjara" est le tout nouvel opus autoproduit par le groupe, et il s’inscrit dans la droite continuité musicale et thématique de "Rimayer", enregistré à Bombay en 2001. C’est alors que le grand "malbar" Gilbert Pounia renoua enfin avec la terre de ses ancêtres, lui qui avait un jour déclaré que ce serait la musique qui le conduirait jusqu’en Inde. Mission accomplie, puisqu'il finalisera là-bas quelques morceaux préparés par ses soins à la Réunion, en y ajoutant le son du sarod, du shennai, des tablas et de la flûte bansuri, avec à la contribution de Rupak Kulmani, brillant élève de l’illustre Hari Prasad Chaurasia, un musicien qu’on ne présente plus, même en Occident.

Très marqués par cette enrichissante expérience, Gilbert Pounia et ses acolytes retourneront en Inde, plus précisément au Rajasthan, pour réaliser le vidéo clip du titre qui donne son nom à l’album, ce fameux "Banjara" placé sous le signe du voyage et de la rencontre. Ce terme illustre d’ailleurs parfaitement la démarche du groupe, puisqu’il s’agit du nom d’un peuple nomade indien à qui le Mahatma Gandhi en personne a un jour confié une terre dans la région de Karnataka, au sud du pays. "Banjara" fait donc référence à ces gitans rencontrés par Gilbert Pounia lors de ses voyages à Goa (ancienne colonie portugaise située sur la côte sud-ouest de l'Inde), et auxquels le chanteur créole s’est toujours senti très attaché. La musique de Ziskakan, métissée, teintée de couleurs folk, latino et orientales, nous convie en effet à cet esprit bohémien et migrateur. Si la rythmique ternaire du maloya reste un élément fondateur et incontournable de "Banjara", l’album, une fois n’est pas coutume, se voit enrichi de diverses sonorités venues de d'horizons divers. A travers treize nouvelles compositions se côtoient ainsi tout un panel d’instruments traditionnels, qu’ils soient originaires de la Réunion (roulèr, Kayanm), du Brésil (cuica, caxixis, pandero) du monde arabe (oud, derbouka, daf, tampur) ou d’ailleurs.

Une orchestration plus moderne, propre au genre pop-rock, répond également présente à l’appel, avec les désormais incontournables guitares aériennes de Pascal Manglou (un fan inspiré de Pink Floyd ?), la basse extraordinaire du musicien d'origine sénégalaise Mishko M’ba, les claviers de Jean Rassiga et la batterie de Gérard Parame. Les voix sont également à l’honneur autour de celle, omniprésente, de Gilbert Pounia, servies par des chœurs féminins de toute beauté. On découvrira même dans l’album du chant diphonique pour introduire et conclure l’excellent "Bal Boukan", un titre que ne renierait pas un Peter Gabriel au meilleur de sa forme ! L’écriture de "Banjara" est partagée entre Gilbert Pounia (qui signe sept chansons au total), le poète Bernard Payet, l’un des membres fondateurs du groupe, et enfin Serge Ulentin, un ancien footballeur professionnel qui nous livre avec "Syklone Valval" un texte très poignant et très imagé sur l’insupportable souffrance des femmes battues. A ce sujet, Gilbert Pounia dira de "Banjara" qu’il est "un disque très féminin, pour ne pas dire féministe. Quoi qu’il en soit, c’est un album qui rend hommage aux femmes".

Avant de conclure, j’accorderai une mention toute particulière à la chanson "Akshaï" qui ouvre l’album avec un rare brio. Ce morceau superbement produit est une véritable merveille, un petit chef d’œuvre brut d’émotion qui nous parle des enfants terrassés chaque jour par le sida à travers le monde, et ce dans l’indifférence générale. Ce titre percutant dans tous les sens du terme, avec sa partie finale "slamée" et déchirante, a toutes les qualités pour devenir un hymne à part entière lâché à la face de l’injustice planétaire, un hymne que tout le monde devrait pouvoir entendre et reprendre, et pas seulement à la Réunion. Car si là-bas, "Banjara" s’est déjà vendu à plus de 8000 exemplaires, il n’est toujours pas disponible en métropole plusieurs mois après sa parution, ce qui est quand même un comble pour une production francophone de cette ampleur et de cette qualité. Mais que faites vous donc messieurs les distributeurs ? Les internautes pourront fort heureusement se procurer cette petite perle d'authentique world music sur le portail www.iledelareunion.net. Philippe Vallin




Gilbert Pounia. Photo : Imaz Press Reunion



 
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